Les schistes argileux du bassin d’Autun font partie intégrante des collections de paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN, Paris, France) et du Muséum d’Histoire naturelle d’Autun (MHNA, Autun, France). Ces roches sédimentaires contiennent de nombreux fossiles, malheureusement sujets à d’importantes dégradations. En effet, les composés soufrés qu’ils contiennent, en particulier les sulfures de fer tels la pyrite, s’oxydent peu à peu, provoquant des craquelures et des efflorescences cristallines qui compromettent la conservation des fossiles. Ce travail constitue la première étape d’un projet visant à mieux comprendre les mécanismes d’altération des fossiles, afin d’optimiser les conditions propices à leur conservation. Pour cela, nous avons sélectionné, dans les collections patrimoniales, un ensemble de huit spécimens endommagés issus du bassin permien d’Autun (Saône-et-Loire, France) et avons procédé à leur caractérisation à l’aide de différents outils analytiques : diffraction des rayons X (DRX), spectroscopie Raman, microscopie électronique à balayage couplée à une sonde d’analyse élémentaire (MEB/SDE) et spectroscopie d’absorption au seuil de la raie K du soufre. Des données préliminaires sur la composition des encaissants et la nature des altérations ont ainsi pu être acquises. Par la suite, nous avons cherché à reproduire par vieillissement artificiel les phénomènes d’altération rencontrés dans les collections. Du matériel neuf a ainsi été collecté sur sept affleurements de ce même bassin d’Autun, analysé, puis soumis à des vieillissements artificiels avec une humidité relative de 50 % et à différentes températures. Nos travaux montrent que les schistes des spécimens endommagés et ceux nouvellement prélevés ont une composition minéralogique semblable, mais présentent des efflorescences cristallines sensiblement différentes : elles s’apparentent pour les premiers à des sulfates de fer, et pour les seconds à des sulfates de calcium. La reproduction des mécanismes d’altération par vieillissement artificiel d’un matériel a priori proche des spécimens endommagés reste donc problématique. D’autre part, la température se révèle être un paramètre déterminant du type de la dégradation : à 40◦C, peu d’efflorescences cristallines sont observées mais de nombreuses dégradations mécaniques ont lieu. A 90◦C, c’est la tendance inverse qui est constatée. Enfin, les dégradations mécaniques observées sur les échantillons vieillis artificiellement ne semblent pas corrélées à l’apparition d’efflorescences : les échantillons sur lesquels on observe des efflorescences ne montrent généralement pas de dégradation mécanique évidente à l’œil et ceux qui semblent les plus fragiles ne montrent pas d’efflorescence visible.