«. Durkheim, ». L'origine-de-l'idée-de-droit, and R. Philosophique, , vol.35, pp.233-241, 1893.

M. Plouviez, Une relativisation socio-historique de l'autonomie de la volonté, Durkheim et l'histoire du droit contractuel, vol.4, pp.231-256, 2012.

É. Voir, . Balibar, . Ce, . Fait-qu'un-peuple-est-un-peuple, . Rousseau et al., La Crainte des masses. Politique et philosophie avant et après Marx, pp.101-129, 1996.

É. Durkheim and P. U. Paris, De la division du travail social, pp.99-101, 1998.

A. Fouillée, La Science sociale contemporaine, pp.30-31, 1910.

R. Paradoxalement, est donc pas excessivement collectiviste, comme on l'a presque toujours affirmé, mais excessivement individualiste, comme l'avait pressenti Hegel : « L'individualisme niveleur de Rousseau, ne lui permettait pas un autre point de vue, p.98

, Afin d'éclairer son jugement, il faut donc un législateur. Or Durkheim perçoit ici une nouvelle contradiction de Rousseau : comment un simple individu, toujours soupçonné d'être « immoral » (asocial), pourraitil être source des lois ? Le caractère « extraordinaire » et supra-humain du législateur ne satisfait pas le sociologue, qui perçoit une forme d'irrationalité associée à l'autorité sacrée de ce dieu vivant, Le rôle du législateur Faut-il en conclure que Rousseau n'est finalement pas soluble dans la méthode sociologique ? N'a-t-il fait qu'une erreur d'appréciation, p.99

, la mission qu'il doit accomplir lui paraît extravagante : s'il s'agit de dénaturer la nature humaine, de transformer l'individu en citoyen (II, 7), il semble exclu de confier une telle mission à un homme dénué de tout pouvoir et donc de force effective pour réaliser ses idées. La figure du nomothète est une contradiction incarnée, que Rousseau entrevoit en évoquant la solution du « sacré » destinée à enraciner son autorité. Mais Durkheim exclut cette solution théologico-politique -celle d'un Moïse avec lequel lui-même voudrait avoir rompu 100 . Il doit conclure, en conséquence, que l'institution d'une législation est délicate et incertaine pour Rousseau, puisqu'elle dépend non seulement d'un « heureux mais imprévisible accident » qui relève presque du « miracle », mais également de conditions structurelles portant sur le peuple à instituer (son volume, sa maturité

, Leur point commun est essentiel : tous considèrent que la société se surajoute à la nature. Mais sur ce socle convergent s'édifient des doctrines fondamentalement différentes du règne social. Le volontarisme hobbesien stipule que la société ne se maintient que parce que souverain empêche les individus de se détruire ; le lien social n'existe que par la soumission des hommes à sa volonté. En revanche, Montesquieu rompt avec ce volontarisme politique : le législateur ne peut faire arbitrairement la loi, il doit respecter la « nature des choses, Durkheim compare l'oeuvre politique de Rousseau à celle de ses deux illustres prédécesseurs, Hobbes et Montesquieu, p.102

. Ibid, P. Voir, and . Knapp, The Question of Hegelian Influence upon Durkheim's Sociology, vol.55, pp.1-15, 1985.

, CS, p.84

B. Ce-que, Karsenti lui reproche précisément (« Le corps-à-corps politique et la démocratie », art. cit, p.108

C. Voir, . Spector, . Montesquieu, . Liberté, . Paris et al., La différence s'accroît si l'on envisage la question de la solidarité sociale proprement dite, 2010.

, S'il n'attribue pas cet archaïsme à la « liberté des anciens » défendue par Rousseau au prix de la liberté des modernes, et s'il ne voit pas seulement Sparte derrière la cité du Contrat, Durkheim juge Montesquieu supérieur dans sa vision organique de la solidarité sociale comme dans sa théorie des corps intermédiaires entre l'individu et l'Etat. Certes, tous deux ont cerné la consistance propre du social -sa « naturalité ». L'autorité du social tient aux moeurs plus qu'aux lois. Mais là où Montesquieu a su penser le tout social comme résultat d'une intégration fonctionnelle

, Telle est la limite du système de Rousseau, et la raison pour laquelle celui-ci n'aurait été qu'un « précurseur » imparfait de la sociologie. * En dernier ressort, Durkheim tire profit de l'analyse contrastée de Rousseau, dont il transpose en partie les concepts-clés (souverain, peuple, volonté générale) du politique au social. Néanmoins, faire de la volonté générale une forme de conscience collective, du peuple une association sociale et du souverain une forme d'autorité morale revient à minorer tout ce qui, chez Rousseau, relève de la question de la légitimité et de l'analyse juridico-politique -les « principes du droit politique ». Durkheim omet également le travail que Rousseau lui-même -soucieux d'identifier les « contradictions du système social » -a opéré sur le concept d'« opinion publique » 106 . A trop vouloir contrer la lecture libérale et constitutionnaliste sans s'adonner pour autant à une réappropriation républicaine, Durkheim a sans doute proposé une version singulière de la théorie rousseauiste. Même si elle demeure formellement présente, la philosophie politique est effacée, Contrat social, la société s'avère à la fois nécessaire et impossible dans la mesure où la vie sociale semble trop exigeante pour l'individu, voué à être dénaturé en citoyen

D. Le-législateur and M. Tel, faire advenir le peuple en politisant ses moeurs et en agissant comme doxologuerévélateur de l'esprit social déjà présent. B. Karsenti propose cette lecture de Rousseau, qui n'est pas celle de Durkheim (Moïse et l'idée de peuple. La vérité historique selon Freud, pp.18-58, 2012.

, Sur ces modifications de l'opinion publique, nous nous permettons de renvoyer à « Rousseau : l'honneur au tribunal de l'opinion publique », in Penser et vivre l'honneur à l'époque moderne, H. Drévillon et D. Venturino éds, pp.127-142, 2011.

, avant Kant, a fondé une version non égoïste et non utilitariste de l'individualisme. Dans cette version « morale » de l'individualisme qui se traduira dans la Déclaration des droits de l'homme, l'intérêt personnel serait la source du mal 107 . La nouvelle religion de l'humanité créée par Rousseau défendrait ainsi les droits sacrés de l'individu, mais tout en assumant une conception autoritaire de l'Etat. Cette lecture, qui va à l'encontre de la critique libérale la plus répandue autant que de certaines réappropriations républicaines 108 , prend sens à un moment où Durkheim soutient que les principes de 1789 mis en oeuvre par la III e République restent insuffisants : la liberté de penser et de voter, la liberté « politique » n'est qu'un moyen et non une fin, Cette lecture infusera longtemps l'oeuvre de Durkheim. Le célèbre article de 1898 en l'honneur de Dreyfus (« L'individualisme et les intellectuels ») -qui témoigne d'un engagement politique exceptionnel -rend d'abord hommage à Rousseau qui

. Dans, . Comte, . De-la-sociologie-française-s'est, and . Certes, Durkheim considère que Rousseau a mal conçu l'origine de la société et a « grand mal à montrer comment il lui est possible de se débarrasser de ses imperfections et de se constituer logiquement » 109 . Althusser retournera ce réquisitoire en hommage, en montrant que la grandeur de Rousseau tient précisément à ce qu'il a posé l, vol.II

, Si la démocratie ne saurait se réduire au suffrage universel, si elle se conçoit d'abord comme un fait social ancré dans les délibérations des corporations, elle doit en effet reposer sur des groupes intermédiaires stables qui alimentent la communication constante entre le pouvoir social et l'Etat. Les associations professionnelles ou corporatistes visent à transformer l'esprit des individus, et à jouer le rôle de la vertu civique rousseauiste en étendant l'intérêt particulier pour le faire coïncider avec l'intérêt général 112 . Faire remonter à la surface des consciences individuelles l'esprit social importe au plus haut point à la démocratie, au sein des sociétés modernes toujours menacées d'anomie. Il reste qu'en cas d'échec de l'intégration sociale et de la morale laïque que Durkheim appelait de ses voeux, Mais en dénonçant la fragilité du social chez Rousseau, ses « assises si peu solides dans le donné, vol.111