, des peuples conquis, mais qui leurs laissent leurs droits politiques et civils : « C'était le droit des gens de ces temps-là, vol.11

M. Voir, . Belissa, and L. Montesquieu, Esprit des lois et le droit des gens, Le Temps de Montesquieu. Actes du colloque international de Genève (28-31 octobre 1998), M. Porret et C. Volpilhac-Auger éds, pp.171-185, 2002.

P. Haggenmacher, Mutations du concept de guerre juste de Grotius à Kant, vol.10, pp.107-125, 1986.

F. Voir, . Markovits, and . Montesquieu-:-l'esprit-d'un-peuple, Une histoire expérimentale », in Former un nouveau peuple ?, C. Spector et T. Hoquet éds, pp.65-99, 1996.

B. Voir and . Binoche, Introduction à « De l'esprit des lois, p.57, 1998.

, Elles se pourraient encore régler par une méchanceté supérieure. Mais, comme il est aussi nécessaire à l'univers que les nations se conservent, qu'il est nécessaire à chaque nation que ses citoyens ne soient pas détruits, il a fallu, parmi les nations policées, rejeter ces moyens. Ainsi il est contre la nature du droit des gens d'empoisonner les puits et les fontaines, d'assassiner un monarque dans sa cour, enfin, de faire toutes les choses qui ne dépendent ni de la force

L. , De là vient la sûreté des hérauts, qui sont les ministres du droit des gens, en temps de guerre. La guerre demande une convention, qui la termine. Pour faire cette convention, il faut des ministres, Ces ministres

L. , Il faut donc qu'on puisse la faire. Les ministres du droit des gens, en temps de paix

, Quand les grands princes les violent sans sujet, il faut voir qu'ils ne sont pas assez grands, et qu'ils ont beaucoup de choses à espérer et à craindre. Quand il les observent, ils font voir qu'ils sont si grands qu, Le Droit des gens finit la guerre par des traités

. Cependant, De la nature des choses qui dépend du droit des gens » n'est pas inclus dans la version publiée de L'Esprit des lois. Pas plus que Rousseau, Montesquieu n'a donc véritablement donné ses principes du droit de la guerre ou du droit des gens. Si le philosophe suggère l'idée d'une amélioration du droit des gens, visible à ce que depuis les Romains, les citoyens ne sont plus exterminés à la suite d'une conquête, l'Etat conquis demeurant gouverné selon ses lois -« sur quoi je laisse à juger à quel point nous sommes devenus meilleurs

, Il faut rendre ici hommage à nos temps modernes, à la raison présente, à la religion d'aujourd'hui, à notre philosophie, à nos moeurs » 71 -, il accorde à l'essor des échanges un rôle plus important dans la dynamique de pacification. Parce que l'homme n'a pas accès en lui à l

, Sur cette conception et son rapport à celle de Grotius, voir J. Terrel, art. « Droit des gens

, Si la concurrence est une rivalité et non une guerre, c'est que la négociation exige la prise en compte de l'intérêt du partenaire avec lequel la transaction doit être renouvelée. Montesquieu, à l'évidence, n'ignore pas que « l'avarice des nations se dispute les meubles de tout l'univers » (XX, 23), mais il affirme l'interdépendance des intérêts entre nations commerçantes : « si l'une a intérêt d'acheter, l'autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels » 73 . Là où la guerre sépare les peuples, le commerce les unit, la satisfaction réciproque des intérêts étant à l'origine de l'interdépendance des sociétés civiles 74 . Du point de vue de leur prudence, les souverains doivent donc prendre la mesure de la mutation moderne : désormais, ce n'est plus l'étendue du territoire mais les richesses qui font la puissance. Au moment où les progrès de l'art militaire ont soit disant «

, contribuant à la genèse de l'idée d'Europe comme sujet économique de l'histoire. Faut-il déplorer dès lors cette croyance en une nouvelle idéologie ou du moins en une nouvelle utopie -l'utopie libérale du « doux commerce » 76 , qui ne vaut pas mieux, à bien des égards, que celle de la paix perpétuelle ? Même si les colonies de commerce sont distinguées des colonies de conquête, la seule occurrence de « lois de l'Europe », dans L'Esprit des lois, renvoie à l'Exclusif colonial en faveur des métropoles (XXI, 21). A cet égard, Marx pourra ironiser sur le « doux commerce » 77 . Le passage du modèle de l'universalitas romaine à celui de l'universalitas européenne (la première fondée sur la guerre, la seconde sur la paix) révèle ici sa part maudite d'illusion ou d'idéologie 78 . Conclusion : quelle nouvelle figure de l'Europe ? Malgré son originalité, Montesquieu est peu cité parmi les prédécesseurs de l'idée d'Union européenne. Si l'on souligne parfois son appréhension de l'Europe par ses voyages, ou son intérêt pour la fédération

. «-un-prince-croit and . Qu, Au contraire ! Les choses sont telles en Europe que tous les Etats dépendent les uns des autres. La France a besoin de l'opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme la Guyenne a besoin de la Bretagne

, § 1-2, voir LP, 103 (106 dans l'ancienne numérotation)

P. Voir, L. Rosanvallon, . O. Libéralisme-Économique,-op.-cit.-;-a, and . Hirschman, Les Passions et les Intérêts, op. cit

V. Marx and L. Capital, OEuvres économiques, Paris, Gallimard, t. I, pp.1222-1223, 1965.

G. Voir and . Benrekassa, « La position de la romanité dans L'Esprit des lois : l'Etat moderne et le poids de son histoire, La Politique et sa Mémoire, pp.320-332, 1983.

L. Alors-que-l'esprit-des, Du point de vue de l'histoire des idées, c'est plutôt un autre sectateur/détracteur de Saint-Pierre -Rousseau -qui sera invoqué pour sa conception de la société civile européenne 80 : ayant eu l'intuition des facteurs qui font de l'Europe un véritable système « qui unit toutes les puissances par une même religion, par un même droit des gens ; par les moeurs, par les lettres, par le commerce et par une sorte d'équilibre qui est l'effet nécessaire de tout cela » 81 , l'auteur de l'Extrait et du Jugement sur le Projet de paix perpétuelle aurait réalisé « le premier, qu'il existe une conscience européenne » 82 . Or s'il est problématique de soutenir que Rousseau applique à l'Europe une conception politique de la fédération en empruntant cette conception à L'Esprit des lois 83 , il est évident, en revanche, que la définition d'une société civile européenne remonte à certains égards à Montesquieu qui fait de l'Europe non une résultante de l'Empire romain ou du Sacerdoce mais une unité de puissance économique et culturelle, un véritable « système des besoins » régi par une division du travail 84 , une société civile unie par ses moeurs, advenue dans la modernité comme véritable moteur de l'histoire ; une société, enfin, qui se définit, par la médiation des auteurs du Federalist, jouera un rôle déterminant dans l'élaboration de la Constitution fédérale des Etats-Unis d'Amérique 79 , l'oeuvre n'influera pas sur l'organisation politique et économique de l'Europe

L. Il and . Souligner, Encyclopédie. C'est notamment par Jaucourt, dont l'inspiration issue de L'Esprit des lois se limite à deux références choisies, que pourra se diffuser l'idée d'Europe conçue comme vecteur de « Lumières » et de civilisation. Or c'est précisément ce que Montesquieu s'était bien gardé de faire, en insistant sur les risques de barbarie toujours inhérents à l'Europe (la conquête hispano-portugaise, l'Inquisition ou la traite), en se contentant de penser une Union économique européenne associée à l'émergence d'une société civile susceptible d'adoucir les moeurs et de substituer la concurrence du marché à l'antagonisme guerrier. Il resterait à voir ce qu'il advient de cette solution « économiste » aujourd'hui : n'est-il pas illusoire de croire aux effets pacificateurs de l'interdépendance de la société marchande, une telle vision de la société civile européenne ne trouvera qu'un prolongement très appauvri dans l'article que lui consacre Jaucourt dans L'

J. N. Voir, «. Shklar, N. Montesquieu, ». Republicanism, I. Machiavelli et al., , pp.265-279, 1990.

, Nous nous permettons de renvoyer à « Montesquieu, l'Europe et les nouvelles figures de l'empire », Revue Montesquieu, vol.8, pp.17-42, 2005.

E. Rousseau, , p.565

S. Stelling-michaud, Les Belles Lettres, p.43, 1964.

S. C'est-ce-qu'affirme and . Stelling-michaud-dans-sa-note-au-texte-de-rousseau, , pp.1543-1544

E. L. Voir and . Xxi, , p.3

«. , Amérique fut de lier à l'Europe l'Asie et l'Afrique, vol.21