, Comme toutes les choses humaines ont une fin, l'État dont nous parlons perdra sa liberté, il périra. Rome, Lacédémone et Carthage ont bien péri. Il périra lorsque la puissance législative sera plus corrompue que l'exécutrice

. Iii and . Le,

E. Tillet, La Constitution anglaise, un modèle politique et institutionnel dans la France des Lumières, 2001.

, Gonthier se méprend sur ce point en attribuant à Montesquieu la défense d'une assemblée populaire éluela France devant se mettre ici à l'école de l'Angleterre, pp.119-129, 2010.

;. Lettres, X. El, C. Voir, and . Volpilhac-auger, Nous n'avons pu consulter le travail de Ryo Samadori qui porte sur cette question (« Duplicity of meaning: the « civil, 1985.

. Oc, Dans ses notes prises en Angleterre et en partie perdues, Montesquieu va jusqu'à affirmer que « les Anglais ne sont plus dignes de leur liberté, p.288

A. , Esprit des lois se défend de tout utopisme : les principes qu'il a découvert ne sont pas des principes abstraits, détachés de l'histoire et des moeurs. De l'autre, il récuse une radicalité républicaine jugée factice, puisque dans son système modéré, la liberté anglaise est assurée par une autre figure de la balance des pouvoirs -balance qui ne donne pas le dernier mot à la Chambre des Communes, conserve la Chambre des Pairs et accorde à la prérogative royale un rôle qui est loin d'être mineur. A cet égard, l'équilibre qui préserve la liberté par la « disposition des choses, p.53

J. G. Pocock, «. L'oeuvre-politique-de-harrington, ». , J. Harrington, .. C. Océana et al., The Ancient Constitution and the Feudal Law, p.135, 1957.

, Pocock doit être nuancée : le chef d'oeuvre de la prudence moderne, pour Harrington, n'est pas l'Ancienne Constitution comme telle ; la « balance » suppose la corruption de la constitution saxonne et l'intervention de la conquête normande, et gli "ordini" di Venezia, vol.3, pp.337-369, 1970.

, et décision au sein d'une théorie de la saine législation, mais législation et exécution, pour peu que le pouvoir judiciaire soit entièrement séparé

, Le lecteur contemporain est dès lors en droit de se demander si l'anathème de

L. Montesquieu and . Diffusé,

, Selon cet éloge, Machiavel et Harrington auraient permis à Montesquieu de découvrir « des principes interdits par les tyrans soupçonneux et timides » 57 . Le parallèle, dès lors, s'impose : Harrington et Montesquieu sont les « deux grands maîtres de l'art du gouvernement ». Si Montesquieu avait été à la place de Harrington, nul doute qu'il aurait subi un sort analogue au sien : il « aurait eu les mêmes idées que lui », aurait produit des « écrits semblables et aurait tout aussi mal fini. Réciproquement, dans la peau de Montesquieu, Harrington aurait « rempli le même personnage » que son successeur 58 . Ce jeu de l'échange de place sert à dévoiler un projet commun : faire face au despotisme et à l'oppression des peuples. Ces deux « bienfaiteurs du genre humain

, Il a contribué à la diffusion de la littérature anglaise en France, et a mené une vie aventureuse, qui l'a conduit plusieurs fois en prison, notamment pour avoir diffamé Necker ; il fut membre du Club des cordeliers et en fut expulsé vers fin 1791. Voir S. B. Liljegren, A French Draft Constitution of 1792 Modelled on James Harrington's Oceana, Leurs oeuvres furent parfois confondues. John James Rutledge (1743-94) a vécu à Paris comme journaliste, pp.17-22

R. Monnier, P. Républicanisme, . Et-révolution-française, L. Paris, and . 'harmattan, , 2005.

R. Hammersley, . Les, ». Dans-la-france-révolutionnaire, and E. , La démocratisation de Harrington fut à l'oeuvre au coeur du moment révolutionnaire. Là où Oceana prônait une loi agraire destinée à maintenir la stabilité de la propriété foncière, associée à une loi électorale favorisant les riches propriétaires (cavaliers), mieux représentés que les pauvres (fantassins, dénués du loisir nécessaire à la politique), The Commonwealth of Oceana : un modèle pour la France révolutionnaire? », in Annales historiques de la Révolution française, vol.342, pp.3-20, 2005.

, Dictionnaire critique de la Révolution française. Idées, F. Furet et M. Ozouf éds, pp.315-338, 1992.

«. Sur-le, discours » républicain chez Montesquieu (au sens de Pocock et Skinner), voir C. Larrère, « Montesquieu républicain ? De l'interprétation universitaire pendant la III e République », XVIII e siècle, n°21, pp.150-162, 1989.

J. Rutledge, Eloge de Montesquieu (Londres, 1786), reprint Ecco, p.18, 2011.

. De-raison, une chimère imposante qui sert à abuser les peuples », une véritable imposture 59 . Mais Montesquieu n'est pas en reste : en soutenant que l'honneur (« équivoque et inexplicable talisman ») est le principe des monarchies, l'auteur de L'Esprit des lois aurait démystifié l'idée classique d'une vertu des princes 60 . Si le philosophe avait vécu les événements prérévolutionnaires

, En l'an III, le traducteur (P. F. Henry 62 ) des OEuvres politiques de Jacques (sic) Harrington préface en effet son texte en défendant l'auteur d'Oceana contre le reproche adressé par Montesquieu : Le plus grand des publicistes Français, Montesquieu, est le seul d'entr'eux qui ait parlé d'Harrington. Quoique son jugement ne soit point entièrement favorable au système de cet auteur, je me ferois un scrupule de ne pas le rapporter : « Harrington, dit-il, dans son Oceana, a aussi examiné quel étoit le plus haut point de liberté où la Constitution d'un état peut être portée. Mais on peut dire de lui, qu'il n'a cherché cette liberté qu'après l'avoir méconnue ; et qu'il a bâti Chalcédoine, ayant le rivage de Byzance devant les yeux ». Le lecteur attentif, verra dans la vie d'Harrington, et dans tous ses ouvrages, qu'il a moins méconnu la liberté que Montesquieu ne l'en accuse, et qu'il désespéra de la voir établie dans son pays ; qu'il ne composa son Oceana, qu'à la sollicitation de quelques amis qui croyaient, en rapport avec la « redécouverte » d'Harrington et des républicains anglais

, La célèbre phrase que nous avons tenté d'éclairer vaut donc désormais comme un scrupule toujours renaissant, surtout au moment où, après la mort de Robespierre, la 59 Ibid, p.21

P. Et-de and . Rahe, Cette lecture « républicaine, Montesquieu and the Logic of Liberty, op. cit. Nous l'avons discutée dans la postface à Montesquieu. Pouvoirs, richesses et sociétés, pp.385-394, 1976.

M. Voir and . Lahmer, La Constitution américaine dans le débat français, pp.264-266, 2001.

J. Oeuvres-politiques-de and . Harrington, , pp.p. viii-ix, 1995.