, Une bande de corbeaux s'abat sur les chandeliers. (Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée, p.267, 1944.

. De-l'autre-côté-c'est-le-même and . Découragement, la poussière s'élève, tournoie en tourbillons épais et s'abat sur les chandeliers, l'herbe mauvaise et espacée, rongée à ras du sol, comme une pelade. (Id., p. 274) Ils longeaient maintenant les premières clôtures de chandeliers, p.370

, Bonds élastiques d'un chat sauvage franchissant une haie d'arbres-chandeliers. (Frankétienne, Les affres d'un défi, p.75, 2010.

, La marchande de fritures a toisé Carmeleau entre deux haies d'arbres chandeliers, p.118

, traverse en trombe une haie d'arbreschandeliers, suivi par une meute de chiens aboyant après les ombres de la nuit, p.188, 2007.

. Côté-jardin, Des candélabres, de la verveine, des herbes à pisser, des citronnelles, des crêtes-de-coq, des griffes de chatte étaient dispersés dans toute l'habitation, p.70, 1982.

, Élie et moi étions devenus amis. À midi nous mangions sous un énorme flamboyant qui poussait dans une arrière-cour, non loin de l'école. L'endroit était frais, rouge de toutes les fleurs qui jonchaient le sol, Pluie et vent sur Télumée Miracle, p.73, 1972.

, Il y en a qui sont assis sur les racines qui font des espèces de contreforts autour du tronc du flamboyant, Joseph Zobel, Les Mains pleines d'oiseaux, p.51, 1978.

, Au début de juin, les flamboyants qui se trouvent dans la cour de l'école des frères de l'Instruction chrétienne se mettent à fleurir. (Dany Laferrière, L'Odeur du café, p.82, 1991.

, Le mois de mai arriva et fit danser les jupons rouges des flamboyants dans les bras du vent. (Ernest Pépin, L'Homme-au-bâton, p.105, 1992.

, La dénomination repose sur une comparaison implicite entre la texture très tendre du bois de cet arbre

, Eglise étoit de maçonnerie, petite & assez propre. Il y avoit devant la porte nombre de gros arbres, qu'on appelle Fromagers, qui faisoient un très-bel ombrage, p.83

, Le bois de cet arbre est blanc & tendre, mais il est filasseux, ce qui le rend difficile à couper, sur tout quand il est un peu vieux ; il est ployant & souple, & vient fort vîte, troublait sa pose hiératique, figée dans les noeuds et les épines de l'écorce. Le ciel est plus, p.16, 1958.

V. Mais-un and . Fromager, déluge et de l'ouragan, ouvrira son refuge de branches pour vous sauver la vie en mémoire du feu que vous aurez préservé. (Daniel Maximin, L'île et une nuit, 1995, p. 44) -raquette n. f

. "feuille-de-cette-plante, Dans le français des dictionnaires, ce référent est appelé figuier de Barbarie. -TLF s.v. raquette B 1 et rubrique 'Étymol. et Hist, p.3

, Ce parapet avoit des angles saillans de distance en distance ; il étoit couvert de douze ou quinze rangs de raquettes qui faisoient une largeur de cinq à six toises, p.166

, Cependant je croi qu'ils ont raison, & que nous n'avons pas tort : car si le fruit ressemble un peu à une poire, comme ils le prétendent, il faut convenir que la feuille a assez la figure d'une Raquette, & le fruit celle d'une figue, mais garnies de si fortes épines, que rien au monde n'est plus piquant. (Id., t. 2, p. 697) Et il ne craint pas qu'un zombi le flanque dans les piquants de raquette, Les Anglois appellent Poirier piquant ce que nous appellons Raquettes aux Isles, on pourroit ce me semble, l'appeller figuier piquant, puisque le fruit qu'il porte a beaucoup de rapport à la figue ordinaire, p.184, 1946.

, Les feuilles d'alloués (aloès) ou de 'raquettes' (figuiers de Barbarie) sont employées comme émollients ou contre les brûlures. (Eugène Revert, De quelques aspects du folk-lore martiniquais, pp.41-42, 1951.

, Quand elle était là, et avant cette drôle de maladie qui prenait Orme à n'importe quel moment, n'importe où, et la jetait sur les cailloux pointus, dans les raquettes épineuses, cette case était si bien tenue, si soignée ! (Joseph Zobel, Les Mains pleines d'oiseaux, p.32, 1978.

, 18) 2.4.2. référent inanimé > référent animal -fer(-)de(-)lance loc. subst. m. "trigonocéphale, serpent très venimeux dont la tête triangulaire rappelle la forme de la pointe en fer d'une lance, 1979.

. Comme, And the fer-the-lance reigns absolute king over the mountains and the ravines ; he is lord of the forest and solitudes by day, and by night he extends his dominion over the public roads, the familiar paths, the parks, pleasure resorts. (Lafcadio Hearn, Two Years in the French West Indies, p.51, 1890.

, comme on dit que le trigonocéphale fer-de-lance a fait quand il serait venu du Brésil sur un branchage, Édouard Glissant, Tout-monde, pp.572-573, 1993.

;. Elle and . Fait, Un serpent ! s'écria-t-il ! Un trigonocéphale ? / Lorsque je lui eus rappelé que prononcer le nom du fer de lance portait malheur, il demanda timidement s'il avait bien compris, p.86, 1994.

, Ou alors une Indienne aux cheveux-soie interminables dont l'épiderme diffusait des décharges d'électrique douceur et qui vous emprisonnait dans son regard d'ambre, p.40, 2007.

. Valdman, référent inanimé > référent inanimé -farinade, farinade-lapluie n. f. "petite averse de pluie très fine, 2007.

, La pluie, mais pas seulement une petite farinade : de grandes, de grosses pluies persistantes, p.320, 1944.

, Ce qui nous menace n'est pas une petite farinade-lapluie, sinon 4 une maman-lavalasse-dlo, René Depestre, Hadriana dans tous mes rêves, p.198, 1988.

, Métaphores conceptuelles (concret > abstrait) -amarrer v. tr. "manipuler (quelqu'un) par des moyens occultes ; envoûter, ensorceler

A. Le and . Lier, Dans le sens métaphorique dont il est ici question, où l'attachement n'est pas physique mais bien de nature occulte, il est propre aux petites Antilles, pp.232-233, 2008.

. Tu and . Ta-maman, / Tu arraches une poignée de cabouillat là, dans la savane, et tu y fais autant de noeuds que la longueur des brins d'herbe le permet

L. Puis and . Ta-maman-arrive, tu marches vers elle pour lui dire bonsoir, et avant même de parler, tu laisses tomber le cabouillat derrière toi. Je t'assure que jamais plus tu seras battu. Ta maman pourra te disputer, juger, mais jamais elle ne portera la main contre toi. Elle sera liée tout bonnement, pp.38-39, 1950.

, On admirait la précision avec laquelle Probus pouvait 'amarrer la pluie' juste au-dessus du champ auquel elle était destinée, sans mouiller d'une seule goutte le champ limitrophe, pp.126-127, 1979.

, ? (dérivé) amarreur de pluie loc. subst. m. "homme ayant la réputation de savoir faire pleuvoir par des moyens occultes

, 132) -dérade (en -) loc. adv. "à la dérive (en parlant d'une embarcation)" ; le plus souvent employé dans la littérature au sens figuré, en parlant métaphoriquement de bâtiments désaffectés, d'animaux abandonnés et errants ou de personnes ayant perdu leurs repères, tous comparés implicitement à des embarcations parties à la dérive en mer par mauvais temps. Il s'agit d'un dérivé de dérader v. intr. "s'éloigner de la rade, du mouillage, à cause du mauvais temps" (TLF). Le TLF le présente comme un « subst. fém. néol. » et ne l'a repéré que chez Rimbaud (1871), Il était 'un amarreur de pluie' que trois morts alcooliques tenaient dans leurs griffes sur les quais, 1979.

, un coup de bile lui vient et le voilà qui se met à arpenter le village en criant, s'époumonant comme un homme saoul à ras bords : écoutez-moi, ne rampez pas dans les hautes herbes, espèces de serpents que vous êtes, crapauds marécageux en dérade, p.146, 1979.

, Une rumeur parlait de gendarmes assassins sévissant dans les mornes, p.192, 1986.

, Et chacun avalait sa soupe, l'esprit en dérade. (Gisèle Pineau, La Grande Drive des esprits, p.141, 1993.

, voilà ce général en dérade dans une envolée lyrique sur les plaisirs et les beautés du pays

G. (édouard, Tout-monde, p.452, 1993.

, Mais l'amour doit nous faire survivre, m'éclairer la sortie de secours au-dehors de ma case calcinée de moiteur confinée, nous embarquer dehors en dérade loin des vents, des lames et des brisants. (Daniel Maximin, L'île et une nuit, p.58, 1995.

E. Tine and . Mano, telle une statue de la Sainte Vierge égarée au mitan d'une procession dont le monsieur-abbé aurait eu l'esprit en dérade ! (Raphaël Confiant, p.18, 2000.

L. Belle, au fil des temps de cette Habitation, avait connu l'enfer. Souvent hasardée en elle-même, p.315, 2007.

, ce Terres-Sainville tout en cases délabrées, de refuge à la négraille, des Indiens en dérade rêvant encore d'un improbable rapatriement à Pondichéry [?]. (Raphaël Confiant, Case à Chine, p.14, 2007.

, la rivière sortirait de son lit, emportant roches, troncs d'arbres, animaux en dérade et, pour leur malheur, personnes imprudentes, p.350

, Mon esprit en dérade s'exerçait autrement, Les neuf consciences du Malfini, p.121, 2009.

. Le-jour-où-maître-micmac, informer que [?] j'étais le seul et unique héritier de ma grand-mère, je ne sautai point de joie comme un cabri en dérade. (Raphaël Confiant, L'émerveillable chute de Louis Augustin, français brodé loc. subst. m. "variété de français élaborée et recherchée, considérée comme très prestigieuse dans la société antillaise, p.161, 2007.

, Rénor avait saisi deux billets de mille francs de son comptoir avant de tirer sur les nattes d'Ismène, sa fille, celle dont la belleté faisait pâlir d'envie les mulâtresses à français brodé et à lèvres fardées du Centre-Ville. (Raphaël Confiant, Nous tous, nous voulons que nos enfants, p.106, 1994.

. La-femme, . Julianise, and . Fille-d'un-prêtre-du-culte-indien, Elle aimait l'entendre prononcer pour elle toute seule ce beau français brodé qui était le sien et le percevait sous les traits des héros de romans-photos italiens (qu'elle appelait 'journaux d'amour') avec lesquels elle décorait les parois de sa case, pp.243-244, 2010.

?. Cf, encore broder français loc. verb

, Hégésippe croit il est bel esprit, pour broder francé comme pas un. (Édouard Glissant, Mahagony, p.60, 1987.

, Ce qui caractérise toutefois ces métaphores, c'est qu'elles ont beau être perçues comme parfaitement lexicalisées pour le lecteur endogène, ce n'est évidemment pas le cas pour le lecteur exogène. Par conséquent, la réception du discours littéraire antillais de la part de lecteurs n'étant pas familiers avec ces métaphores oscille entre deux réactions : une de perplexité lorsque les métaphores nous sont opaques (ce qui est le cas lorsqu'on ignore le sens propre du mot employé métaphoriquement, comme bois-patate ou ravet, par exemple), et une autre de ravissement esthétique lorsque des métaphores totalement banales pour le lecteur antillais nous apparaissent au contraire comme relevant de la création littéraire, le cactus devenant candélabre, la pluie une fine averse de farine, et le serpent une effrayante pointe de lance prête à nous attaquer. C'est bien sûr ce qui fait une bonne partie du charme de cette littérature antillaise, Ces métaphores n'ont rien d'exceptionnel en tant que telles. Elles reproduisent des mécanismes qui sont illustrés dans n'importe quelle autre langue, car ils reposent sur des universaux cognitifs (la métaphore occupant une place centrale dans le fonctionnement du langage)

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