Le football est sans aucun doute le sport collectif qui promeut le plus grand sentiment d’appartenance nationale et qui favorise le déploiement de la plus grande fonction rituelle de conciliation. Cet article se penche sur la façon dont la presse sportive et l’imaginaire footballistique argentins ont construit, depuis les premières décennies du XXe siècle, une fiction narrative d’identité nationale portant sur la façon locale de jouer au football, une modalité basée sur certains éléments de l’imaginaire rural argentin (la boue, le terrain vague, la liberté), sur un prétendu caractère national (la ruse) et sur un sentiment anticolonialiste sous-continental. Cette fiction à multiples facettes couvre de significations politiques l’apparition sur la scène sportive nationale du plus grand joueur de tous les temps, Diego Armando Maradona. Les deux buts marqués par l’Argentin au Stade Azteca, le 22 juin 1986, condensent cet univers.