Le clergé de France et l'obéissance due au roi très chrétien sous les règnes de François I er et de Henri II - Sorbonne Université Access content directly
Journal Articles Nouvelle revue du 16e siecle Year : 2004

Le clergé de France et l'obéissance due au roi très chrétien sous les règnes de François I er et de Henri II

Abstract

Les fondements chrétiens de l'obéissance au pouvoir politique étaient au XVIe siècle à la fois une évidence et un sujet de débat. Dès ses origines, le christianisme avait élaboré des théologies politiques diverses, voire contradictoires, mais le temps des Réformes, reprenant ces thèmes déjà anciens, devait les confronter aux nouveautés que représentaient la déchirure religieuse et le développement d'une monarchie aux exigences croissantes. L'historiographie récente s'est déjà beaucoup intéressée à cette question, mais en privilégiant les moments d'affrontement, où les acteurs définissent les limites de l'obéissance ou du droit à la révolte 1. Dans le royaume de France, ces affrontements atteignent bien sûr leur point culminant pendant les guerres de religion, avec d'étonnants transferts des positions et des arguments entre catholiques et protestants en fonction de la situation politique. Les débats sont nourris par la relative polysémie scripturaire sur le sujet, de l'injonction d'obéir aux puissances temporelles à la possibilité d'une résistance légitime aux pouvoirs contraires à Dieu, en passant par la séparation radicale entre ce que l'on doit rendre à César et à Dieu. Dans un contexte politique incertain, ces prises de position s'insèrent dans des réflexions bien plus larges, qui s'efforcent, chacune à leur manière, de construire un avenir viable pour un royaume en perdition. L'intensité des débats dans la période qui suit la mort de Henri II contraste avec le silence de la période qui précède. Ce silence est certes relatif et certains ont pu s'interroger, surtout à partir des années 1550, sur la nature exacte de l'obéissance due aux pouvoirs constitués, sur son éventuelle absurdité, en tout cas sur ses limites 2. Ces réflexions, parfois capables d'une radicalité étonnante, ne débouchent pas sur un véritable débat public, en tout cas pas sur une contestation organisée et durable de l'obéissance due au roi. De son côté, le pouvoir peut bien promouvoir une image qui exalte l'obéissance, mais ne passe pas obligatoirement de ces représentations, dont le décodage peut s'avérer particulièrement subtil, à une véritable théorisation officielle qui légitimerait le renforcement de l'autorité royale dans la première moitié du XVIe siècle. En ce qui concerne plus précisément les rapports entre obéissance au roi et à Dieu, les règnes de François Ier et de Henri II voient bien sûr les « mal-sentant de la 1 Voir notamment Marie-Madeleine Fragonard et Michel Péronnet (dir.), « Tout pouvoir vient de Dieu… » (St Paul. Rm. XIII, 1). Actes du VIIe colloque Jean Boisset, Montpellier, Sauramps éditions, 1993, et sur la question du tyrannicide Mario Turchetti, Tyrannie et tyrannicide de l'Antiquité à nos jours, Paris, PUF, 2001. 2 C'est évidemment à La Boétie et à son Contr'un, rédigé peut-être vers 1553, que l'on pense. Sur sa signification replacée dans le contexte du règne de Henri II, voir l'analyse d'Arlette Jouanna dans Arlette Jouanna, Philippe

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hal-02094547 , version 1 (24-07-2019)

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  • HAL Id : hal-02094547 , version 1

Cite

Alain Tallon. Le clergé de France et l'obéissance due au roi très chrétien sous les règnes de François I er et de Henri II. Nouvelle revue du 16e siecle, 2004. ⟨hal-02094547⟩
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