(Re)Dire le pouvoir de la litérature : une mise à jour ?
Résumé
Pouvoir de la littérature est le cinquième ouvrage publié des travaux du Groupe Phi (Groupe de recherche en poétique historique et comparée) : depuis 2002, plusieurs livres avaient paru sur les Littératures sous contrat, L'Engagement littéraire, Littérature et exemplarité, L'Autorité en littérature aux Presses Universitaires de Rennes [1]. Dernier venu de la série, cet ouvrage-là se concentre sur un travail réflexif et épistémologique sur les potentialités et les forces de la littérature et de la critique qui en parle : une fois les bases des théories générales de l'engagement, de l'autorité, de l'exemplarité littéraires posées, il s'agit de revenir en détail sur l'usage des termes qui ont permis jadis et permettent encore aujourd'hui de les formuler, pour les creuser sous de nouvelles perspectives et questionner à nouveaux frais la place de nos travaux de recherche littéraire dans la société [2]. Comme l'expliquent d'emblée Emmanuel Bouju, Yolaine Parisot et Charline Pluvinet, plusieurs pistes ont été proposées aux auteurs et autrices du recueil : dresser l'archéologie ou la généalogie des notions de puissance, de force, de pouvoir de la littérature (potestas, potentia, fortitia), examiner l'emploi de leurs dérivés (volonté de puissance, impouvoir, empowerment) ou l'emploi nuancé de termes proches (energeia/enargeia, vis/virtus, énaction/agency...), et analyser la manière dont ils peuvent changer de sens et gagner ou perdre en pertinence selon les contextes littéraires et critiques où on les emploie. Ce travail terminologique et épistémologique doit permettre de redéployer la traditionnelle question « Que peut la littérature ? » sans préjuger naïvement d'une réponse qui serait triomphale ni partir totalement vaincu d'avance, en mesurant humblement plutôt les écarts entre ce qui lui est possible et ce qui ne l'est pas, entre les dynamiques d'écriture qui créent de la littérature « en puissance » dans le monde, et sa prise réelle dessus, « en acte ». S'il faut répondre franchement et sans nuance à la question, c'est dit dès les tout premiers mots de l'ouvrage, ce sera : « Rien » (p. 7)-face à la réalité du monde, aux catastrophes qu'on apprend chaque jour, la littérature ne peut rien-en tout cas, rien de spectaculaire, rien qui serait redoutablement efficacemais elle peut, peut-être, mener un travail de sape, modeler des consciences, encourager à l'action ? Le questionnement du livre se place dans cet interstice, dans le « choix du petit » [3]. « L'impouvoir supposé de la littérature, c'est aussi sa puissance propre. Et peut-être en effet s'agit-il aujourd'hui [de] faire du Rien de la littérature l'une des manifestations de notre possible. » (p. 8). (Re)Dire le pouvoir de la littérature : une mise à jour ? ...
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