Du latin aux langues romanes : Structure et configurationnalité
Résumé
Traditionnellement, la différence typologique principale entre le latin et les langues romanes résiderait dans une distinction entre morphologie et syntaxe : tandis que le latin recourt principalement aux structures synthétiques (en concomitance avec un ordre des mots dit libre), les variétés romanes morphologiquement moins riches ont largement recours aux structures analytiques (en concomitance avec un ordre des mots fixe). Selon une opinion populaire, cette différence refléterait un passage de la non-configurationnalité à la configurationnalité : en latin les relations entre les différents lexèmes sont signalées par la forme des lexèmes mêmes grâce à un système de flexions casuelles et d’accord très riches, alors que dans les langues romanes les relations entre les lexèmes associés sont codées par leurs positions fixes les uns par rapport aux autres. Malgré les aperçus précieux offerts par cette approche configurationnelle, on développe une approche alternative des changements de l’organisation structurelle du latin dans le passage aux langues romanes qui présuppose déjà la présence de la configurationnalité et de la structure fonctionnelle en latin depuis ses origines. De ce point de vue, les différences incontestables entre latin et langues romanes, notamment le remplacement d’un ordre des mots pragmatiquement déterminé par un ordre de plus en plus grammaticalement déterminé et l’apparition parallèle des catégories fonctionnelles, se prêtent à une explication en fonction de changements formels relatifs au paramètre de la directionnalité de la tête et au rôle différentiel de la structure fonctionnelle dans les deux variétés.
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