"Much like at home": The Quiet Eloquence of Death in Our Town (Thornton Wilder) and Eurydice (Sarah Ruhl)
Abstract
This essay focuses on the dramatization of death as quietly ordinary, rather than catastrophic, in the works of Thornton Wilder and Sarah Ruhl. In contrast to the writing of death as an emotional event in melodramas, or as a climactic end to a tragic plot, Wilder and Ruhl stage death as an understatement, dismissing the representation of the event to focus instead on the state of being dead. An entire act of Our Town thus takes place in the graveyard, where the dead sit ‘without stiffness’ and speak ‘without sentimentality’, while half of Eurydice is set in the underworld, where people ‘can work and socialize’ while discussing Greek etymology. Both plays tackle the paradox of representing death through live art by rejecting spectral overtones, and indicating very little difference, if any, between dead characters and live ones in terms of voice and demeanor. This aesthetics of restraint proves a powerful way to perform death as an absence, echoing theoretical discussions of the “ontology” (Phelan) or “hauntology” (Derrida) of performance. On stages where the living and the dead share the same space, the paradigm of visibility and invisibility poignantly illustrates the irreversibility of separation – a theme which the plays openly discuss in poetic or cynical ways through avatars of a Greek chorus. While the parallel between Wilder and Ruhl must not blot out their individuality, this essay means to delineate a certain continuity, half a century apart, between two playwrights writing on the sidelines of American realism, in their paradoxical dramatization of the greatest loneliness of all through a collective art form.
Cet article s’intéresse au traitement de la mort sur un mode calme et ordinaire, plutôt que sur un mode catastrophique, dans les œuvres de Thornton Wilder et de Sarah Ruhl. Contrairement à la représentation de la mort comme prétexte à une apogée d’émotion dans le mélodrame, ou comme fin décisive dans la tragédie, Wilder et Ruhl écrivent la mort comme un euphémisme, écartant la représentation de l’événement lui- même pour concentrer notre attention sur la mort en tant qu’état. Un acte entier d’Our Town s’installe ainsi dans le cimetière, où les morts sont assis « sans raideur » et parlent « sans sentimentalisme », tandis que la moitié d’Eurydice a lieu aux Enfers, où l’on peut « travailler et mener une vie sociale » tout en devisant d’étymologie grecque. Représenter la mort au travers d’un art vivant est un paradoxe que les deux pièces abordent en rejetant toute tonalité spectrale et en n’indiquant presque aucune différence de ton ou de maintien entre les personnages vivants ou morts. Cette esthétique de la retenue permet, avec une efficacité douloureuse, de jouer la mort comme une absence, ce qui fait écho aux analyses de l’ontologie (Phelan) et de l’hantologie (Derrida) du théâtre. Sur des scènes où les vivants et les morts occupent le même espace, le paradigme du visible et de l’invisible illustre avec acuité l’irréversibilité de la séparation ; thème que les pièces abordées traitent avec poésie ou cynisme grâce à des avatars du chœur antique. Si le parallèle entre Wilder et Ruhl ne doit en rien masquer leur indiviualité, cet article cherche à esquisser une continuité, à un demi-siècle d’écart, entre deux dramaturges écrivant en marge du grand réalisme américain, dans leur mise en scène paradoxale de la plus grande des solitudes par le biais d’un art collectif.