Certeau cannibale ? Les ressources de la « relation “ethnographique” »
Résumé
It is difficult to resist the force of attraction generated by the Italian readings of Léry, Montaigne, Lafitau and Jules Verne. These readings seduce, mainly by their mode of refraction: by endorsing the ethnologists’ discourse. Now Certeau's four alter ego, such as he ventriloquists them, precisely thematize this very question of "the other": the other, the savage, as a puzzling subject of cunning appropriation and as a matrix, providing a "site" to the writer. The present article, conceived in the purpose of disenchantment, circulates between this model of the ice gallery and the model of the Russian dolls - to consider finally the reciprocal engendering of Michel de Certeau, the "ethnographic literature" and its "good savages".
Difficile de résister à la force d’attraction suscitée par les lectures certaliennes de Léry, de Montaigne, de Lafitau, de Jules Verne. Ces lectures séduisent, et séduisent essentiellement par leur mode de réfraction : en faisant leur le discours des ethnologues. Or les quatre alter ego de Certeau, tels en tout cas qu’il les ventriloque, thématisent précisément cette même question de « l’autre » : l’autre, le sauvage, comme objet déconcertant d’une appropriation retorse et comme matrice, fournissant un « site » à l’écrivain. Le présent article, conçu à des fins de désenvoûtement, navigue entre ce modèle de la galerie des glaces et celui des poupées russes – pour envisager in fine l’engendrement réciproque de Michel de Certeau, de la « littérature ethnographique » et de ses « bons sauvages ».