Cet article s'intéresse à un type de textes que les études consacrées aux recueils de narrations plaisantes de la Renaissance et et celles dédiées aux Contes de La Fontaine n'avaient pas mis en rapport : leurs préfaces. C’est le rôle de pivot qu’ont joué les Contes au sein de l’histoire littéraire des recueils de narrations enjouées qu’il s’agira ici de préciser, à partir de cet observatoire privilégié qu’offrent les péritextes. Lieu où s’élabore un nouveau rapport avec l’héritage, les préfaces de La Fontaine remodèlent et redistribuent les valeurs associées aux textes qui l’ont inspiré. On y lit un changement de perspective majeur sur la tradition antérieure, dans la mesure où l’écrivain l’aborde, non pas en simple continuateur, mais en poète – en quête de matériaux narratifs et de techniques stylistiques ou énonciatives pour une refondation de la poésie érotique enjouée. Ce geste de translation générique et formelle, assumé dans les préfaces, constitue, rétrospectivement, l’ensemble d’œuvres dont il s’inspire en corpus bien identifié, attirant en raison de sa pittoresque étrangeté.