Redes azules bajo los párpados. Hacia el pensamiento rítmico de Antonio Gamoneda
Résumé
Ce livre est une étude des recueils ou ensembles de poèmes écrits entre 1947 et 2004, et rassemblés par Antonio Gamoneda sous le titre de Esta luz (Galaxia Gutenberg/Círculo de Lectores, Barcelone, 2004).
Chaque chapitre aborde un nœud essentiel à la compréhension de l'évolution de cette écriture mystérieusement musicale. Tout d'abord, les premiers territoires de la voix, et l'héritage de la langue du père, poète du même nom. Les autres ancrages qui nourrissent le fond originel de l'écriture sont ensuite analysés, jusqu'à la rencontre de la voix clandestine de René Char, dans le León de la répression franquiste. Suit une étude de l'appropriation du monde du blues et de l'enjeu de la découverte simultanée des traductions espagnoles de Mallarmé. Le chapitre suivant renouvelle l'approche critique du grand livre gamonédien, Descripción de la mentira (1977), où sont dénoncés les ravages d'une dictature et des mensonges qui l'ont suivie, au seuil de l'Espagne de la Transition. On interroge le rôle de miroir sonore qu'a joué à l'époque la poésie de Saint-John Perse, pour une libération vocale. Les visages intérieurs de l'écriture sont explorés en tant que « projet musical » dans les « blocs » de Lápidas, livre suivant, qui conduit au Libro del frío, dont la force symbolique et rythmique est longuement questionnée, jusqu'à l'étude de l'« église de la voix » construite dans Arden las pérdidas et Cecilia. L'épilogue revient sur les modalités de la présence de René Char, à partir d'un inédit confié par le poète.
Une correspondance entretenue durant dix ans alimente chaque étape d'une réflexion qui écoute les filiations profondes, vers l'invention d'une voix nouée en particulier – pas seulement – à des poètes français qui ont pour certains joué un rôle conscient dans cet imaginaire, abordé dans sa force rythmique, qui vient creuser le moule d'une voix irréductiblement espagnole, riche de ses résolutions propres.