New perspectives on the study of musical scales
Nouveaux regards sur l'étude des échelles musicales
Résumé
It is usual in ethnomusicology to approach the study of music through the concept of musical scale, generally by measuring frequencies. We propose here a method to orient the research on intervals rather than on degrees. This avoids the error due to fluctuations related to the recording equipment or the performance. We will use the example of the music of the Aka of Central Africa to illustrate our approach. Their rich and fascinating musical tradition is characterized by the practice of vocal polyphony, which has given rise to important research, including that on the pentatonic system. However, despite numerous field experiments and acoustic measurements, the exploration of the Aka musical scale has led to an unsatisfactory theoretical compromise. The research presented here takes a new starting point: temporal spectrography. Interval identification is based on the visual observation of harmonics common to two consecutive or simultaneous sounds. This method combines sonagraphic analysis and precise frequency measurement for both successive intervals of a monody and superimposed intervals of a polyphony. Based on new theoretical foundations, our research confirms Fürniss' proposal that Aka pentatonism is not a scale concept. Rather, it is a system of varying combinations of intervals from the 6-9 range of the harmonic series: the fourth (4/3), the fifth (3/2), the major tone (9/8), a minor seventh (7/4) and three unnamed intervals: 7/6, 8/7, 9/7. The latter-which a Western listener has difficulty in hearing as such-are at the root of the difficulties in understanding the interval system of Aka music. This system favors the combinatorics on which all performances of this music are based, while remaining harmonically coherent. It should also be noted that the usual reference to equal temperament and measures in cents prevent the comprehension of such a system.
Nouveaux regards sur l'étude des échelles musicales
Il est usuel en ethnomusicologie d'aborder l'étude des musiques sous l'angle des systèmes de hauteur afin d'en déterminer l'échelle musicale, généralement par la mesure des fréquences. Nous proposons ici une méthode pour orienter la recherche sur les intervalles plutôt que sur les degrés. On s'affranchit ainsi des inévitables variations de diapason et des fluctuations liées au matériel d'enregistrement ou à la performance.
On se servira de l'exemple de la musique des Aka de Centrafrique pour illustrer notre démarche. Riche et fascinante, la tradition musicale aka se distingue par la pratique d’une polyphonie vocale qui a donné lieu à d’importantes recherches dont celles sur le système pentatonique. Toutefois, malgré de nombreuses expériences in situ et un volume conséquent de mesures acoustiques effectuées, l’exploration de l’échelle musicale aka a mené à un compromis théorique peu satisfaisant.
La recherche présentée ici prend un nouveau point de départ : la spectrographie temporelle. L’identification des intervalles se fonde sur l’observation visuelle des harmoniques communs à deux sons consécutifs ou simultanés. Cette méthode combine l’analyse sonagraphique et la mesure précise des fréquences tant pour les intervalles successifs d'une monodie que pour les intervalles superposés d'une polyphonie.
Fondée sur de nouvelles bases théoriques, notre recherche confirme la proposition de Fürniss que le pentatonisme aka ne relève pas du concept d’échelle. Il s’agit plutôt d’un système combinant de façon variée un groupe d’intervalles empruntés à la tranche 6-9 de la série harmonique : la quarte (4/3), la quinte (3/2), le ton majeur (9/8), une septième mineure (7/4) et trois intervalles qui n’ont pas de nom : 7/6, 8/7, 9/7. Ces derniers – qu'un auditeur occidental a du mal à entendre en tant que tels – sont à l’origine des difficultés d'appréhension du système d'intervalles de la musique aka. Ce système favorise la combinatoire sur laquelle repose toute performance de cette musique, tout en restant harmoniquement cohérent. On retiendra par ailleurs que la référence habituelle au tempérament égal et à la mesure en cents empêchent de concevoir un tel système.