« “Avis aux perturbateurs du bon ordre”. Le type du valet séditieux dans les estampes satiriques des décennies 1780 et 1790 »
Résumé
Cet article s’intéresse aux estampes satiriques des décennies 1780 et 1790, qui associent fiction théâtrale et actualité politique : nombre de gravures des collections Hennin et De Vinck de la Bibliothèque nationale ont recours à l’imagerie théâtrale et à ses faux-semblants pour dénoncer les revirements politiques, railler le clergé, fustiger les abus de la noblesse ou caricaturer les personnalités politiques les plus impopulaires. C’est aux personnages de comédie, et en particulier au type populaire du valet rusé, défenseur du bon sens et redresseur de torts, qu’est confié le soin de cette satire, de Figaro à Arlequin, en passant par Pierrot et Polichinelle. Par conséquent, cet article examine le statut ambivalent de ces caricatures qui mêlent d’une manière indissoluble un univers de fiction familier au public et une actualité politique éruptive et qui oscillent entre la raillerie féroce et la visée séditieuse ou, pour reprendre les termes employés par le chancelier Malesherbes, entre la « satire personnelle » et la charge idéologique.