« N’i quist autre phylosophye : sens et savoir entre science et morale dans les Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci », intervention dans le cadre du séminaire de Master (Sorbonne-EPHE)
Résumé
Peut-on faire des Miracles de Nostre Dame un « livre du savoir » ? Si l’on en croit les nombreuses occurrences où les contes sont présentés comme une matiere dont on tire un savoir pratique pour la conduite de sa vie, alors la réponse par l’affirmative semble s’imposer. Si l’on s’attache plus particulièrement au niveau disciplinaire du savoir, les arts que nous avons sélectionnés, la médecine, la rhétorique, le droit, sont soumis à une lecture sémiologique : rien ne peut valoir hors du prisme de la louange mariale, qui donne une autre essence aux apparences du savoir.
Le savoir n’est certes pas autotélique, puisqu’il sert à servir la Vierge, à se rapprocher de Dieu ; cependant, Gautier suggère, à travers l’opposition des prélats et des humbles clercs ou jongleurs qui finissent par se convertir à force d’art, qu’il est préférable de s’adonner à l’étude pour elle-même, à défaut de foi, plutôt que de chercher à atteindre une certaine place dans la société pour s’élever (ce qui garantit, dit Gautier, qu’une fois arrivé là où on le désire, on n’ait plus de goût à l’étude et à l’amélioration de soi).
« Cil et celes qui estudïent / En aucun bien que de toy dïent, / Il m’est avis qu’il font que saige / Et mout metent en bon usaige / Et leur entente et leur pensee » (MND III, II Pr 1,
p. 275, v. 273-277).