L’anorexie mentale fait barrage aux processus développementaux engagés à l’adolescence. Elle stoppe la croissance, freine la puberté et suspend la vie cognitive et psychique qui s’étouffe dans des pensées obsédantes autour du poids. Elle fige l’adolescent dans une identité désincarnée, le coupant d’une vie relationnelle riche en cette période. Dans les cas d’anorexie mentale sévère, l’association de troubles psychiatriques et somatiques implique une prise en charge multidisciplinaire au plus près des besoins de l’adolescent. La thérapie psychomotrice joue un rôle pivot dans la prise en charge de l’anorexie sévère lors d’un sauvetage nutritionnel. En accompagnant la compréhension des transformations corporelles liées à la renutrition, elle offre des appuis aux patients pour reconstruire un espace corporel sécurisant à la base d’une redynamisation de la vie psychique. Dans la modulation tonico-émotionnelle en jeu dans la relation, une conscience corporelle décentrée des aspects dysmorphophobiques peut apparaitre et extraire l’adolescent d’une temporalité figée.