L’accord majeur de sixte ajoutée sur tonique en fin d’œuvre : espoir, mystère et extase
Résumé
Quand une oeuvre commence, la conscience musicale de l'auditeur n'est pas encore complètement éveillée. Au fur et à mesure de l'écoute, l'oreille se met au travail, suit les méandres du discours musical, et cherche à en percer les mystères. Lorsque l'oeuvre s'arrête, la conscience musicale, elle, est encore en activité, ce qui est corroboré par le temps que mettent souvent les applaudissements à venir quand un interprète vient d'achever son exécution. Ce moment de suspension, entre la fin objective de l'oeuvre et sa fin subjective pour l'auditeur, cet entre-deux, a été diversement pensé et utilisé par les compositeurs. Il est certain qu'à la suite d'un « galop » lisztien, ce temps est très court, tant il est vrai que la fin est, en ce cas, claire et universellement comprise comme telle ; mais, quand ce même Liszt égrène les derniers arpèges du Lac de Wallenstadt, le public retient son souffle quelques secondes : la conclusion est plus trouble, la terminaison moins franche, peut-être parce que le propos lui-même est équivoque, le mouvement ondulatoire de l'eau ne pouvant être arrêté net. Dans la seconde moitié du XIX e siècle, quand la musique se charge de plus en plus d'un contenu évocateur, certains compositeurs vont chercher à faire résonner leur discours dans l'âme des auditeurs au-delà des limites temporelles objectives de l'oeuvre.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)