Montesquieu, critique du Projet de Paix Perpétuelle ?
Abstract
Montesquieu considère que plutôt que par une construction juridique commune, la paix,
en Europe, peut être obtenue par le mécanisme immanent du « doux commerce ». Trois
paradoxes constituent ainsi l’origine de notre enquête :
1) Quoique Montesquieu, contre Hobbes, fasse de la paix la première loi de nature entre les
hommes, il persiste à penser l’état de guerre entre les nations, et la pérennité d’un rapport de
forces que le droit des gens peut suspendre, mais jamais abolir. Malgré la critique du militarisme
et des ambitions belliqueuses de Louis XIV, l’idée de paix perpétuelle se trouve de la sorte
congédiée (et non réfutée).
2) Connu pour sa théorie de la distribution des pouvoirs, source de liberté politique, L’Esprit des
lois ne reconduit pas cette thèse dans les relations internationales : en Europe, la « balance » des
pouvoirs, loin de constituer un modèle, est disqualifiée comme perpétuation de l’état de guerre.
3) Bien qu’il se donne, dans les temps modernes, comme le « sectateur de l’abbé de Saint-
Pierre », celui qui aurait, à l’instar de Saint-Pierre (et non de Locke), tenté de fonder la science
politique nouvelle occultée depuis les Anciens, Montesquieu ne le suit nullement dans le projet
qui l’a rendu célèbre à travers les siècles, le Projet de Paix perpétuelle qui sera au coeur des réflexions
de Rousseau et de Kant. Ce sont les raisons de cette occultation que nous tenterons de mettre à
jour, afin de cerner l’apparition d’une conception de l’Europe comme société civile régie par le
« doux commerce ».
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