Penser l’Europe au XVIIIe siècle : le miroir américain dans l’œuvre de William Robertson
Résumé
L’introduction à l’Histoire du règne de Charles Quint de William Robertson (1769) ainsi que l’Histoire d’Amérique écrite huit ans plus tard (1777) offrent un diptyque permettant de cerner l’avènement de l’Europe comme sujet de l’histoire dans le double mouvement d’une civilisation intérieure (l’abolition de la barbarie féodale) et d’une civilisation extérieure (la colonisation en Amérique). Sans revenir à la question classique, explorée jadis par Michèle Duchet, de l’idéologie coloniale qui aurait conduit les Lumières à ne voir dans les sauvages d’Amérique que le reflet – Enfer ou Paradis perdu – de leurs préoccupations d’Européens à la recherche d’un profit matériel ou spirituel, cette contribution entend examiner quelle Europe advient dans l’œuvre de William Robertson, et quel miroir l’Amérique peut lui tendre, alors même que la Révolution de 1776 a dissuadé l’auteur d’inclure dans son œuvre le récit de la colonisation anglaise. Comment s’est constituée la « mythistoire » de l’Europe ? Comment s’est-elle « révélée », « découverte », voir « inventée » dans son rapport à son propre passé comme dans son rapport à l’altérité américaine autant qu’asiatique – l’unité de ces « continents » étant tout aussi construite que celle de l’Europe elle-même ? Cette reconstruction unitaire, sinon imaginaire, s’est-elle opérée par le déni des cultures autochtones et par la constitution de l’histoire universelle comme savoir impérialiste, en conflit mais aussi en prolongement avec l'histoire providentialiste chrétienne ?
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