Recherches sur le langage du Chef d'entreprise comme facteur d'impulsion et mode de gouvernement
Abstract
Il s’agit d’une recherche appliquée au langage des Chefs d’entreprise qui se sont succédé au sein du Groupe industriel L’OREAL –leader en France dans le domaine des Cosmétiques et de la Chimie appliquée-, permettant de mettre en avant, au-delà de l’évolution des sens des mots et discours internes et externes au Groupe depuis sa création, l’usage des maximes et d’un métalangage concourant non seulement à l’harmonie sociale et à la croissance économique du Groupe, mais aussi au développement de la Personne et à la fidélisation des Marques sur un plan international, en passant du
Verbe à l’action.
Comment, au sein d’un Groupe international dédié à la Beauté, s’incarne et s’organise « la qualité de la pensée et du bon usage de la langue d’origine – ici la langue française -, dont dépend tout progrès et déclin » ? Comment faire valoir auprès des personnels de l’entreprise et de la clientèle répartie sur différents continents et relevant d’une diversité de cultures et langages, autant le sens de la Beauté que l’objectif du Chiffre d’affaires, le « bon sens », la recherche, l’innovation et l’esprit de civilisation ?
La Thèse comprend, en premier lieu, l’analyse (stylistique, lexicographique et rhétorique) des messages des Chefs d’entreprise et des hommes de terrain en rapport avec l’action quotidienne d’ordre économique, social et de recherche (organisation d’un corpus de 380 mots clefs, structuré et analysé selon une méthodologie et outil informatisé ad hoc, en s’inspirant du Trésor encyclopédique de la Langue française. Ces travaux ont permis de visualiser, sous forme de graphes, les concepts fondateurs et mots clefs « inducteurs » sous-tendant la force d’impulsion et d’adhésion des acteurs et décideurs de l’entreprise, selon l’ancienneté et les grandes fonctions de l’entreprise.
Dans un second temps, l’analyse des modes de pensée (philosophie, mythe, pensée symbolique…) - et des expériences de langage, révèle les formes de l’action nécessaires, au sein de cette entreprise, pour avancer dans les discussions, la concertation, les négociations et les décisions. La « débanalisation », la « co-détermination », « l’osmose », la « symbiose » ou la « plénitude » - mode d’organisation et dans certains cas, Marques de produits de l’entreprise, décrivent également la fonctionnalité de certaines figures et genres littéraires (maxime, métaphore, chiasme,…). La production du sens, la gestion de l’explicite et de l’implicite, la « pratique signifiante » (« chercher le signifiant ») accompagnent la finalité productive de l’entreprise par une pratique du pouvoir et l’exercice des responsabilités, à tout niveau, d’ordre
solidaire (« double appartenance ») et non solitaire.
Le paradigme « oréalien » est cet axe sacré-profane qui sous-tend la démarche conceptuelle comme la création lexicale qui se manifeste notamment dans la politique de la Marque et dans la démarche institutionnelle de la valorisation du potentiel de chaque Personne. L’éthique de l’entreprise est là toute entière dans cet acte de foi en l’Homme. Ces travaux ont démontré notamment que le langage d’action transfigure le réel et préfigure une parole à venir, les mots apportant parfois un « supplément d’être ».
Ainsi, dans le cadre de la mobilité « enseignants-chercheurs » en sciences humaines – et en particulier, au regard du développement des relations Universités-Entreprises -principe fondateur du CELSA-, l’observation participante et l’immersion d’un universitaire au sein d’une entreprise et de son langage, ont permis de « traquer » dans et par le langage, une certaine vérité de l’entreprise, sans subir les mots, en écoutant les responsables de l’entreprise comme les clients, le long de la chaîne de la valeur « ajoutée » de la « pratique signifiante ». Cette pratique se formalise en métalangage, le concept central étant la « forme », en correspondance avec le secteur d’activité de l’entreprise dédié à la Beauté et dont les produits s’offrent au public dans une dialectique de l’« être » et du « paraître ».
Cette immersion rejoint le langage « oréalien » et la pratique « pasteurienne » d’être « prêt à la découverte », de « penser à côté des visions traditionnelles » (« fracture »), de « se confronter » (entre « proposeurs » et « inducteurs ») avec un « droit à l’erreur », pour s’adapter au monde qui, chaque jour, croît en complexité. En d’autres termes, il s’agit de la posture d’innovation.
Ces travaux de Recherche HDR ont permis l’analyse métalinguistique de la mise en oeuvre de la parole « oréalienne » dans une approche inter et transdisciplinaire et par la conception d’un outil d’investigation informatique inédit. La méthodologie utilisée est extrapolable à d’autres formes orales d’expression, contenus de discours, langages et civilisations, communautés de métiers et de milieux.
Keywords
ENTREPRISE / MARQUES DESIGN ENTREPRISE / SCIENCE ART ESTHETIQUE FOI
ENTREPRISE / RECHERCHE INNOVATION
ENTREPRISE / COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE / LANGAGE
CULTURE CORPORATE
ENTREPRISE / GOUVERNANCE STRATEGIE INTERNATIONAL ECONOMIE SOCIAL ORGANISATION ETHIQUE
LANGAGE / PENSEE PAROLE SENS ACTION
METALINGUISTIQUE METALANGAGE
ANALYSE DE DISCOURS
DICTIONNAIRE ENCYCLOPEDIE
L’OREAL
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