"Un enseignement libéral ? Les principes de la formation intellectuelle selon Sénèque"
Abstract
Dans l’Essai I, 26, consacré à la question de l’éducation des enfants, Montaigne reprend plusieurs principes et métaphores développés par Sénèque dans les Lettres à Lucilius, en particulier l’image de la digestion intellectuelle et la définition de la philosophie comme art proprement « libéral ». Or cette filiation n’est pas aussi naturelle qu’elle peut le paraître : Montaigne lit l’œuvre de Sénèque à travers le prisme de la Renaissance et du scepticisme et lui fait subir un certain nombre de transformations significatives. La lecture des Essais invite dès lors à se replonger dans les développements que Sénèque consacre à la question de l’éducation, d’une part pour voir en quoi sa conception peut être qualifiée de « libérale » et quel est le sens de ce terme, d’autre part pour déterminer si les images qui illustrent cette conception peuvent avoir un sens hors du cadre stoïcien dans lequel elles ont été forgées. En effet, la méthode éducative de Sénèque paraît proprement stoïcienne ; elle repose en particulier sur les conceptions stoïciennes de l’oikeiôsis et de la sagesse, qui déterminent en matière d’éducation un « libéralisme » inscrit dans un cadre dogmatique strict. On peut dès lors s’interroger sur la place qu’une telle réflexion peut avoir dans un contexte non stoïcien et sur les modalités de ce transfert doctrinal.
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