Perceforest ou cent inscriptions à ponctuer
Abstract
The author of Perceforest , the longest romance of medieval literature, evokes throughout the narrative inscriptions which are presented as transcribed epigraphic objects, along with numerous lyrical interludes assumed by the characters. Drawing on specific examples, this article analyzes and compares the material treatment given these two categories of insertions, in prose as in verse, in the manuscripts (Paris, BnF, fr. 345-348, A ; Paris, BnF, fr. 106-109, B ; Paris, Arsenal 3483-3494, C ) and in the printed book from 1528 (Galliot du Pré, Nicolas Cousteau). It demonstrates that prose inscriptions are the subject of a more varied and flexible presentation in the manuscripts through the use of a wider range of punctuations. It also highlights the fact that scribes are not in the habit of emphasizing versified inscriptions with the same material indications when dealing with an inscription or a lyrical piece, even if the visual presentation of the inscriptions in verse in some manuscripts, such as that of Jacques d’Armagnac (Paris, BnF, fr. 107), confirms the idea that punctuation can be conditioned by decorative purposes. On the other hand, inscriptions in verse and lyrical lays receive exactly the same special attention and layout in manuscripts and in the printed book. This new equality of treatment suggests that in the early 16 th century the formal character of verse inscriptions, perceived as perennial monuments, took precedence over their semantic aspects.
L’auteur du Perceforest , le plus vaste roman de la littérature médiévale, évoque au cours de la narration des inscriptions qui sont présentées comme des objets épigraphiques retranscrits, ainsi qu’un grand nombre de pièces lyriques prises en charge par des personnages. L’article s’attache à analyser et à comparer, à partir d’exemples précis, le traitement matériel qui est réservé à ces deux catégories d’insertions, en prose comme en vers, dans les manuscrits (Paris, BnF, fr. 345-348, A ; Paris, BnF, fr. 106-109, B ; Paris, Arsenal 3483-3494, C ) et dans l’imprimé de 1528 (Galliot du Pré, Nicolas Cousteau). Il démontre que les inscriptions en prose font l’objet d’une présentation plus variée et souple dans les manuscrits grâce au recours à un plus large éventail de ponctèmes. Il met aussi en évidence le fait que les copistes n’ont pas l’habitude de souligner avec les mêmes indices matériels les insertions versifiées selon qu’il s’agit d’une inscription ou d’une pièce lyrique, même si la présentation des inscriptions en vers dans certains manuscrits tels que celui de Jacques d’Armagnac (Paris, BnF, fr. 107) confirme l’idée que la ponctuation peut être conditionnée par un facteur décoratif. Les inscriptions en vers et les lais lyriques font en revanche l’objet d’une mise en page et en espace strictement identique dans l’imprimé. Cette égalité nouvelle de traitement peut être l’indice que prime désormais, au début du xvi e siècle, le caractère formel, et non sémantique, des inscriptions en vers qui sont perçues comme des monuments pérennes.