Ce livre propose une réflexion sur l'émergence du médium photographique dans la littérature espagnole marquée du sceau du costumbrismo, dans une période allant de 1839 au début des années 1870. La lecture qui a été menée à travers le prisme de la photographie s'est nourrie d'études à la fois littéraires, esthétiques et historiques. Il a été nécessaire, au préalable, afin de mieux comprendre l'insertion de la photographie dans le domaine des lettres, de s'intéresser également aux instruments d'optique exploités par la littérature. Dans ce panorama, le choix s'est porté, entre autres, sur des œuvres comme Madrid al daguerreotipo (1849), sur des ouvrages collectifs : Los españoles pintados por sí mismos (1843-1844), Los españoles de ogaño (1872), Madrid por dentro y por fuera (1873), ou encore sur les écrits de deux auteurs considérés comme proprement costumbristas : Ramón de Mesonero Romanos et Antonio Flores. D'autres textes, moins connus, ont été retenus également, en particulier ceux qui composent l'Almanach du photographe Eusebio Juliá, ainsi que des articles extraits de journaux et de revues. Cette étude s'intéresse à la naissance et à la mise en place d'un système de représentation photographique (lexique, métaphore, illustration d'après photo) dans une littérature profondément imprégnée du modèle pictural. Si la photographie se présente comme une nouvelle source d'inspiration littéraire régénérant images et procédés, elle n'échappe pas, néanmoins, à la critique des auteurs qui la mettent en scène. C'est ce regard ambivalent des écrivains sur la photographie, considérée à la fois comme fascinante et repoussante, qui est questionné dans cet ouvrage. Révélatrice d'une oscillation entre modernité et tradition, l'étude de la rencontre entre littérature espagnole et photographie au XIXe siècle a permis de déceler ce qui était en germe dans les rapports entre ces deux domaines, ce que les auteurs des XXe et XXIe siècles exploiteront pleinement.