Charles-François Pannard et l’esthétique du « petit »
Résumé
Cet ouvrage a trouvé son origine dans le désir d'interroger du côté de la peinture et de la littérature l'esthétique de la première moitié du XVIIIe siècle, de cet âge rococo qui se méfie de la grandeur. L'interrogation sur les "petits genres" a conduit à faire ressurgir un véritable écrivain, Pannard, un des fondateurs de l'opéra-comique, "père du vaudeville moral", homme de théâtre de la Foire et poète, dont la tradition critique ne gardait qu'une image pittoresque sans doute, mais fort réductrice.
A vrai dire, ce partisan d'une écriture du rire se moquait assez de la postérité. Ce n'est pas une raison pour ignorer en quoi il est aussi un héritier de La Fontaine et de Rabelais, et entretient avec Marivaux des rapports subtilement ludiques. Eminemment conscient de l'artifice du théâtre autant qu'il se veut, en morale, fidèle à la nature, Pannard est aussi le poète "ivre de mots", amoureux des expériences sur le langage, où passe parfois l'ange du bizarre, le spectre d'un carnavalesque aux raffinements inattendus, où le rire et la critique n'excluent pas l'émotion.
Avant de sombrer dans les tristesses néoclassicisantes, le siècle sut reconnaître un de ses représentants en cet écrivain qui mariait si joyeusement l'art d'écrire et l'art de vivre.