« Les diptyques facétieux du livre III »
Résumé
Le livre III des Fables de La Fontaine est-il plus « facétieux » que les autres du premier recueil ? La réponse peut sembler négative si l’on examine uniquement les sources des dix-huit apologues de ce livre : seuls trois d’entre eux se rattachent directement à la tradition du conte à rire européen. Mais en étudiant deux diptyques, « L’Ivrogne et sa Femme » et « La Goutte et l’Araignée », puis « Philomèle et Procné » et « La Femme noyée », il apparaît que La Fontaine tantôt importe des traits d’écriture facétieux dans des canevas ésopiques, tantôt tempère les tonalités gaillardes de certaines plaisanteries anciennes par la mélancolie d’un motif mythologique. La « gaieté » lafontainienne se révèle ainsi comme un art de la réverbération (contrôlée) de traditions allogènes, notamment celle du conte à rire, dans le cadre resserré de l’apologue.