On se propose d’étudier ici un petit corpus de textes facétieux publiés entre 1643 et la fin des années 1660 : au moment où se mettent en place les caractéristiques du « Grand Siècle », comment ces recueils s’articulent-ils avec d’autres aspects de la culture du temps, notamment la galanterie, et avec des œuvres de premier plan, canonisées par la tradition, comme les Fables de La Fontaine ? Facétie et galanterie, compilations anonymes et chef-d’œuvre d’emblée acclamé : ce propos cherche à approfondir les corrélations discrètes mais fécondes entre plusieurs termes a priori situés sur des plans différents. L’effort des éditeurs pour placer leurs recueils divertissants sous le patronage du nouveau modèle galant, d’une part, et l’utilisation par La Fontaine de schémas appartenant à cette veine comique de la facétie, d’autre part, sont deux exemples symétriques qui illustrent l’articulation complexe entre une tradition héritée de la Renaissance, un idéal culturel né à l’âge classique et une œuvre littéraire particulière, dont l’auteur a pu justement affirmer que « le goût du siècle […] se porte au galant et à la plaisanterie ».