De l'hypothèse d'un néologisme possible en langue à son utilisation en discours : réflexion diachronique autour du substantif clonaje
Résumé
Cette contribution me renvoie à une période de mon existence bien particulière : celle de mon travail de thèse sous la direction de Monsieur le Professeur Bernard Darbord. Dans la réflexion menée autour des substantifs déverbaux en langue espagnol, j'avais envisagé la question de la production néologique en prenant appui notamment sur un terme alors totalement absent des dictionnaires et qui le demeure presque totalement encore : clonaje. Le fait de commencer par ce substantif déverbal alors non attesté, implique de présenter concurremment un second dérivé, clonación, que l'on qualifiera de nécessaire et attesté. Ceci étant on soulignera tout de même que la datation de l'apparition de clonación dans le discours est identique à celle de clonaje. L'étude conjointe de ces termes a été envisagée en considérant les contraintes liées à la création et au renouvellement depuis la dimension morphophonologique, en passant par la prise en compte des limites imposées par la communauté des sujets parlants jusqu'à l'évocation du rapport langue-discours par le biais du concept de signifié en puissance. Le titre de cette première partie emprunte la terminologie de L. Guilbert pour désigner les possibilités de créations lexicales. Je fais allusion à ce qu'il a défini comme « entrée lexicale attestée […], possible mais non attestée […] et impossible ». Cette première partie interroge les deux substantifs retenus sous l'angle de la signification c'est-à-dire comme une « propriété assignée aux signes » telle que la définit F. Rastier. Une propriété que l'on délimite hors de toute mise en discours : « la signification résulte en effet d'un processus de décontextualisation ».