La Norvège, un pays sécularisé ?
Abstract
Quand l’Eglise luthérienne norvégienne se sépare de l’Etat en 2012, l’événement ne prête finalement qu’à quelques colonnes dans les journaux norvégiens et autant de murmures dans les couloirs du Parlement. Il marque pourtant un tournant historique dans l’histoire du royaume où l’Eglise a été associée au pouvoir politique depuis la Réforme. La culture du consensus qui est de mise en Norvège n’y est probablement pas pour rien : la séparation fait l’unanimité des députés et de la population. Pour les uns, la religion est une question personnelle, voire privée, et le modèle institutionnel de l’Eglise est un archaïsme dans une société largement sécularisée et diversifiée, tant sur le plan des croyances que des non-croyances ; pour d’autres, ce « divorce » fait les affaires de l’Eglise : celle-ci y gagne en liberté face à un pouvoir politique s’immisçant parfois un peu trop directement dans certaines affaires. C’est un curieux paradoxe qu’offre ainsi à voir la Norvège : à la fois terre luthérienne séculaire – où la nationalité et la religion luthérienne d’Etat sont longtemps allés de pair –, et lieu d’une sécularisation avancée, le cas du royaume septentrional jette aujourd’hui un éclairage sur les apparentes contradictions de notre modernité religieuse.