L'adresse dans les récits de Léonor de Récondo : une manière d'« anéantir nos temporalités respectives » - Sorbonne Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2021

L'adresse dans les récits de Léonor de Récondo : une manière d'« anéantir nos temporalités respectives »

Narjoux Cécile

Résumé

Dans ses deux derniers récits, Manifesto (2019) et La Leçon de ténèbres (2020), Léonor de Récondo opte pour un récit-cadre autobiographique et emploie fréquemment la première personne qui assimile instance narratoriale et autrice. Dans ce récit-cadre à la première personne, s'enchâssent des bio-fictions en énonciation historique, soit à la troisième personne (l'histoire d'El Greco), soit en énonciation autobiographique encore (celle du père de l'écrivaine). Or, l'écrivaine recourt à différents niveaux de ces récits enchâssants ou enchâssés à la deuxième personne pour s'adresser, soudainement, à un absent, à un mort. Il s'agit du peintre El Greco dans La Leçon de ténèbresinvité à reprendre vie, chair voire parole. Dans Manifesto, il s'agit en particulier de Félix, père de l'écrivaine à qui elle s'adresse, au seuil de la mort, et qui ne peut plus lui répondre. Pourtant, elle lui donne la parole, sous l'espèce d'une prosopopée, et le fait lui-même s'adresser à un autre absent, mort, lui, de longue date, Ernest Hemingway, qui s'adresse aussi à lui. On trouve encore de nombreuses adresses dans Pietra viva (2013), récit, lui, en énonciation historique : celles du sculpteur Michelangelo à un jeune moine mort, Andrea. Le procédé semble être apparu dès Rêves oubliés (2012), où, au début du récit, Aïta et Ama, fugitifs momentanément séparés s'adressent intérieurement l'un à l'autre, bien qu'ils ne partagent plus le même espace. Le discours alors est rapporté en italique et introduit par une apostrophe à l'absent. Dans Amours (2015), on peut relever quelques adresses de Céleste à la Vierge Marie dans ses prières, ainsi qu'à la fin du récit, une adresse à son fils, mort. Dans Point Cardinal (2017), le procédé n'apparaît pas. On peut parler pour ces adresses aux absents, aux morts, d'apostrophes au sens rhétorique du terme, et plus précisément d'allocutions : L'allocution est une figure macrostructurale : elle n'est pas attachée à la spécificité de tel ou tel. Elle consiste en ce que, dans le discours, apparaît une prise à partie par une adresse de parole à un interlocuteur qui n'existe pas, même fictionnellement : c'est donc soit soi-même, soit un être absent ou inanimé, soit une entité, soit une pure abstraction. La figure de l'allocution ne sert qu'à renforcer la vivacité de l'expression.
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hal-03957805 , version 1 (09-02-2023)

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Citer

Narjoux Cécile. L'adresse dans les récits de Léonor de Récondo : une manière d'« anéantir nos temporalités respectives ». C. Narjoux, A.-M. Paillet (dir.), « Palper l’ineffable », La langue de Léonor de Récondo, EUD, 2021, 9782364414082. ⟨hal-03957805⟩
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