Émerveillement et « sense of wonder » : les leçons d’abîme de la science-fiction
Abstract
Il est tentant de chercher dans son contenu thématique la source d’un émerveillement spécifique à la science-fiction : l’altérité des machines, robots et cyborgs, les beautés extraterrestres et les paradoxes temporels, l’immensité d’un espace peuplé de vaisseaux gigantesques, capables de détruire les étoiles elles-mêmes. Cette étude du sense of wonder suivra les recommandations formulées par Bernard Vouilloux dans son avant-propos à La Beauté du merveilleux : « il ne s’agit pas d’opposer l’un à l’autre le mode esthétique et le mode cognitif, mais de discerner deux régimes ou deux modalités de la fonction cognitive, l’une qui est esthétique, l’autre qui est épistémique. […] L’émerveillement n’est pas la mise en suspens de la connaissance, il en est le ferment. » C’est en examinant d’un seul mouvement cette « tension double, intellectuelle et affective », attribuée par Marie-Hélène Boblet à l’émerveillement, que nous tâcherons ici de déterminer en quoi le sense of wonder constitue un élément crucial de la dynamique spéculative propre à la science-fiction.