Saisir l’union avec Sartre dans toute son importance, cette entrée dans la période du « nous » public auquel s’attachera par la suite la mémorialiste, implique de relire les Mémoires d’une jeune fille rangée en s’interrogeant sur la manière dont Simone de Beauvoir construit le regard porté par la jeune fille d’autrefois sur les représentants d’un « premier sexe » au rôle ambivalent dans sa trajectoire de formation : composant fondamental d’un dualisme structurant la société sous l’apparence idéalisée, mais trompeuse, du couple hétérosexuel, l’individu masculin se trouve incarné dans une série de figures examinées parfois avec une feinte naïveté, mais toutes condamnées par un verdict d’insuffisance, jusqu’à la dernière, de telle sorte que le récit d’apprentissage de la jeune Simone coïncide avec une quête soigneusement orchestrée de son idéal masculin.