Technocratic Anxiety in France : The Fleuve Noir "Anticipation" Novels, 1951-60
L’anxiété technocratique en France : les romans du Fleuve Noir « Anticipation », 1951-1960
Abstract
Following World War II, France embarked on a process of modernization designed to restore its place as a first-class power. The novels original to Fleuve Noir’s "Collection Anticipation" for the years 1951-60 - and there were hundreds of them - reflect a diversity of attitudes towards this unprecedented technocratic revolution. Among the 1I French authors who wrote books for this series, only two offer visions pretty much wholeheartedly approving of technocracy. Inspired by Saint-Simon and under the pseudonym of F. Richard-Bessière, François Richard and Henri Bessières represent the technocratic order as an ideal paradigm. Four other Fleuve Noir authors largely accept Richard-Bessière’s assumptions, but dissent from them in regard to specifics. M.A. Rayjean questions technocratic priorities ; and Stefan Wul would put a De Gaulle-like leader above the managerial elite and revolorize traditional ways of thinking. Kurt Steiner and Jimmy Guieu, meanwhile, emphasize the biological side of an evolution towards technocracy. Their visions somewhat resemble certain of Olaf Stapledon’s or J.D. Bernal’s (though in Guieu’s case, an ambivalence attaches to the futuristic picture of scientists disincorporating the brains of other human beings to preserve the species). A third group more or less adamantly opposes technocracy or some of its consequences. Kemmel doubts the wisdom of a scientific elite in matters of practical decision-making ; Maurice Limat takes a traditional religious stand against technocracy’s philosophical basis ; Jean-Gaston Vandel and B.R. Bruss have problems with the inequality and oppressiveness of any technocratic scheme of things ; and Peter Randa suggests that virtually any form of social organization is inimical to the radical kind of individualism that he favors. Finally, in a class by himself and counterpointing Richard-Bessière, we have Gérard Klein. The one book he wrote for « Anticipation » during the period covered at first reads like an apology for technocratism. But careful examination suggests that Les chirurgiens d’une planète may well be a deliberate parody of such a rationale. Furthermore, Klein’s novel is perhaps also satirizing the Fleuve Noir formula itself, implying that the demands and expectations of the « Anticipation » series preclude any vision truly alternative to a technocratic one.
À la fin de la deuxième guerre mondiale, la France s’est lancée dans un processus de modernisation afin de reconquérir sa place de grande puissance mondiale. De 1951 à 1960, des centaines de romans de la collection « Anticipation » de Fleuve Noir témoignent de multiples prises de position face à cette révolution technocratique sans précédent. Deux seulement des onze auteurs français qui collaborèrent à cette série offrent des vues qui entérinent le système technocratique. François Richard et Henri Bessières, s’inspirant de Saint-Simon et utilisant le pseudonyme de F. Richard-Bessière, présentent l’ordre technocratique comme un paradigme idéal. Quatre autres auteurs du Fleuve Noir acceptent pleinement les postulats de Richard-Bessière mais s’écartent d’eux par le détail. M.A. Rayjean remet en question les priorités technocratiques. Stefan Wul aimerait voir un chef du type « De Gaulle » superviser l’élite dirigeante et il revaloriserait les formes traditionnelles de pensé. Cependant, Kurt Steiner et Jimmy Guieu insistent sur le facteur biologique de l’évolution vers la technocratie. Leurs visions s’apparentent quelque peu à certaines positions d’Olaf Stapledon et de J.D. Bernal. Dans le cas de Guieu, l’image futuriste de savants dégageant le cerveau d’êtres humains de son enveloppe corporelle en vue de la préservation de l’espèce est pour le moins ambivalente. Un troisième groupe se dresse plus ou moins rigoureusement contre la technocratie ou contre certaines de ses conséquences. Kemmel met en doute la sagesse de l’élite scientifique en ce qui concerne les prises de décision pratiques. Maurice Limat fait valoir la position religieuse traditionnelle qui s’oppose aux bases philosophiques de la technocratie. Jean-Gaston Vandel et B.R. Bruss entrevoient difficilement l’inégalité et l’oppression issues de tout schéma technocratique. Peter Randa sous-entend qu’en pratique toute forme d’organisation sociale est hostile à l’individualisme radical qu’il prône. Finalement, Gérard Klein se trouve dans une catégorie à part et il fait le contrepoint à Richard-Bessière. Le seul récit qu’il ait écrit pour « Anticipation » pendant la décennie en question se lit, dans un premier temps, comme une apologie du système technocratique. Mais une relecture minutieuse révèle que Les chirurgiens d’une planète parodie un tel concept. De plus, le roman de Klein est peut-être une satire de la formule même du Fleuve Noir supposant que les exigences et les attentes de la série « Anticipation » écartent toute position alternative à la vision technocratique.