Lafarge: from internationalisation to the global firm? A resistible rise?
Lafarge : de l’internationalisation à la firme mondiale, une résistible ascension ? (1947-2014)
Résumé
Until its merger in 2014 with Holcim, its main European competitor, Lafarge offered a good example of a French company that had become global. Number two in France in building materials behind Saint-Gobain, Lafarge has established itself with a comparable success it owes to its early internationalisation. Founded in 1833, Lafarge remained a family business for a long time before becoming a management company in 1947. Since then, two periods have followed one another. From 1947 to 1992, the company gradually became multinational. The years 1947 to 1973 were marked by strong growth financed by self-financing, limited broadening of the shareholder base and long and medium-term debt. Three factors then combined their positive effects: rational management (transition to staff and line, favouring a multi-divisional logic), a successful strategy of international redeployment from French-speaking Africa to North America and a research and development effort far superior to that of the competition. These choices made it possible, in a more difficult economic environment, to consolidate the group’s international positions by the conquest of the American market, where the group established itself, from 1974 to 1992, as Number one, while strengthening its position in Europe. Between 1993 and 2007, the Lafarge group established itself as a global firm by focusing on strengthening its North American positions and conquering emerging countries. However, in order to finance rapid growth, both organic and external, it was necessary to satisfy an increasingly fragmented and floating shareholder base. It was only from 2008 onwards that the shareholder base stabilised, but at the price of a loss of strategic independence. This led to the merger. The merger created a world leader, but the management structure lost power to the Schmidheiny family and its Belgian and Egyptian allies, hence the Swiss nationality of today’s LafargeHolcim.
Jusqu’à sa fusion en 2014, avec Holcim, son principal concurrent européen, Lafarge a offert un bon exemple d’entreprise française devenue mondiale. Numéro deux français des matériaux de construction derrière Saint-Gobain, Lafarge s’est imposée avec un succès comparable. Elle le doit à une internationalisation précoce. Fondée en 1833, la maison Lafarge est demeurée longtemps familiale, avant de se transformer, à partir de 1947, en firme managériale. Depuis cette date, deux périodes se sont succédées. De 1947 à 1992, l’entreprise s’est progressivement multinationalisée. Les années 1947 à 1973 ont été marquées par une croissance forte financée par autofinancement, élargissement limité de l’actionnariat et endettement à long et moyen terme. Trois facteurs ont alors cumulé leurs effets positifs : un management rationnel (passage au staff and line, en privilégiant une logique multidivisionnelle), une stratégie réussie de redéploiement international de l’Afrique francophone vers l’Amérique du Nord et un effort de recherche-développement très supérieur à celui de la concurrence. Ces choix ont permis, dans un environnement économique plus difficile, de consolider les positions internationales du groupe par la conquête du marché américain, où le groupe s’est imposé, de 1974 à 1992, comme le numéro 1, tout en se renforçant en Europe. Dans les années 1993 à 2007, le groupe Lafarge s’est imposé comme une firme de dimension mondiale en privilégiant le renforcement de ses positions nord-américaines et la conquête des pays émergents. Toutefois, pour financer une croissance rapide, tant organique qu’externe, il a fallu satisfaire un actionnariat de plus en plus éclaté et flottant. Ce n’est qu’à partir de 2008 que l’actionnariat s’est stabilisé, mais au prix d’une perte d’indépendance stratégique. Celle-ci a conduit à la fusion. Certes, elle a donné naissance à un leader mondial, mais au sein duquel la technostructure managériale a perdu le pouvoir au profit de la famille Schmidheiny et de ses alliés belges et égyptiens, d’où la nationalité suisse de l’actuel LafargeHolcim.