Petits d'homme et petits d'animal : les noms neutres désignant des animés en bosniaque-croate-monténégrin-serbe (BCMS)
Résumé
Un des problèmes récurrents que rencontrent aussi bien les apprenants de BCMS que les locuteurs natifs se situe dans l'emploi et le comportement des noms neutres en-e,-eta et des noms diminutifs en-ić désignant des animés, du type prase « porcelet », jagnje « agneau », d(ij)ete « enfant », đače/đačić « élève », golupče/golubić/golupčić « pigeonneau ». À cette difficulté s'ajoutent les nombreuses hésitations liées à l'expression de leur pluralité (par ex. sg. jagnje/pl. jagnjad/pl. jagnjići/pl. jaganjci « agneaux », sg. prase/pl. prasad/pl. prasići/pl. prasci « porcelets ») fût-elle quantifiée ou non, qui reste en effet très instable et pour laquelle les publications normatives et descriptives ne donnent pas toujours de réponse définitive, voire, parfois, orientent vers un pluriel quasi inexistant dans l'usage. En effet, certains substantifs en-e,eta possèdent, du moins dans l'usage, un seul pluriel supplétif et d'autres deux, ou même trois. L'un des principaux objectifs de cette étude consiste donc à tenter de réunir les données qui permettent une identification et une caractérisation grammaticale et sémantique plus aisées de ces substantifs-notamment par un éclaircissement diachronique et dialectal. C'est ainsi qu'a été abordé un domaine où l'usage évolue très rapidement : le supplétisme, une évolution qui n'est pas toujours notée dans les dictionnaires descriptifs. Sont analysés en particulier les cas où il est difficile d'établir la frontière entre une véritable diminution (apanage habituel des substantifs enić) et un pluriel supplétif (substantifs en-ić, substantifs en-ad) ou encore lorsque la fonction de pluriel supplétif des noms collectifs en-ad hésite entre collectif simple et pluriel supplétif.