La punition dans La coscienza di Zeno: la liberté de la contre-vérité
Résumé
À travers le motif de la punition, Svevo réélabore le concept aristotélicien de « malheur » tragique à la lumière des paradigmes plus récents de la conception léopardienne du malheur, de la critique nietzschéenne de la métaphysique de l’âme et de la théorie freudienne du sentiment de culpabilité. Dans La coscienza di Zeno la punition, notamment dans l’épisode de la gifle, renvoie moins à une faute qui découlerait d’un habitus vicieux, enraciné et stable, qu’à une « erreur », faute involontaire ou occasionnelle commise par un homme qui n’est ni bon ni méchant – selon la distinction aristotélicienne. La scène de la punition n’est donc en rien figée : le coupable est aussi victime et la sanction est insulte, offense, voire humiliation. En elle s’exprime la conception même de l’écriture chez Svevo : un jeu infini avec les mots et avec le temps qui réinvente la vie, chaque fois nouvelle et originale, et restitue son innocence « à la pure contingence de ce qui advient » (Nietzsche).