Le médecin Timokleidès fonde un sanctuaire de Dionysos : à propos d’une épigramme thasienne méconnue
Abstract
Already partially known, a Thasian votive epigram, consisting of eleven iambic trimeters, is presented here and commented on in detail. A sanctuary, with its altar, cave, fountain and room reserved for mysts, is dedicated to Dionysus Baccheus. The inscription must date from the first half of the first century AD. The dedicator, Timokleides, was an otherwise unknown Thasian notable, and a doctor, who used the services of a learned poet (himself a Thasian?). The epigram he composed is a unicum in the Thasian cultural landscape: while its metrical technique brings it closer to the poems of Philip’s Garland, it establishes, in a refined and remarkably innovative poetic language, a dialogue with bucolic poetry and Hellenistic epigrams, while presenting a Dionysism that resonates with Euripides’ Bacchae as well as with the Orphic Hymns. A number of grey areas remain open to conjecture, from the identity of the poet to the location of the sanctuary in or near the urban center of Thasos.
Déjà partiellement connue, une épigramme votive thasienne, constituée d’onze trimètres iambiques, est ici présentée et commentée en détail. Un sanctuaire, avec son autel, sa grotte, sa fontaine et sa salle réservée aux mystes, est consacré à Dionysos Baccheus. L’inscription doit se situer dans la première moitié du Ier s. apr. J.-C. Le dédicant, Timokleidès, est un notable thasien inconnu par ailleurs, médecin de son état, qui eut recours aux services d’un poète érudit (lui-même thasien ?). L’épigramme qu’il a composée est un unicum dans le paysage culturel thasien : si sa technique métrique la rapproche des poèmes de la Couronne de Philippe, elle instaure, dans une langue poétique raffinée et remarquablement innovante, un dialogue avec la poésie bucolique et l’épigramme hellénistique tout en mettant en scène un dionysisme qui entre en résonance avec les Bacchantes d’Euripide mais aussi avec les Hymnes orphiques. Plusieurs zones d’ombre font l’objet d’hypothèses, de l’identité du poète à la localisation du sanctuaire dans la ville de Thasos ou à ses abords.