Fragmentation, disruption, circumvention: writing the trauma of 9/11 in contemporary American fiction
Fragmentation, disruption, contournement : écrire le trauma du 11-Septembre dans le roman américain contemporain
Résumé
This dissertation aims to study four novels from what is commonly referred to as “9/11 fiction” – that is, the works of fiction devoted to the 9/11 terrorist attacks. The argument gradually characterizes their aesthetics and questions the notion of inscription, the ways in which trauma seeps into the literary text. This inscription is, first, strictly textual, and reminiscent of traumatic writings in general; the writing is informed by the clinical symptoms of trauma though its three main manifestations: absence and erasure, excess and overflow, fragmentation and splitting. The metaphor of trauma plays the role of a literary thinking path: as an object, trauma signifies the failure of language, and the text therefore becomes a reflection on the difficulty to represent, a symbol of the tension between urgency and impossibility to express oneself. A second part explores the physical scar and involves the sensible. Trauma reveals itself in the visual dimension of the writing – especially through the particular impact that images have on the literary text – as well as in its sonic aspect: the deafening sound of the catastrophe becomes a figure of traumatic effraction. The whole body, as a much too delicate carnal envelope that cannot resist foreign attacks, bears the marks of trauma, thereby turning into a monument to the event. A third part finally focuses on the spatial inscription of trauma in the four novels, which collectively celebrate New York City. The cityscape becomes the locus where what resists its registration into the psyche symbolically finds an alternate mode of inscription.
Cette thèse a pour objet l’étude de quatre romans issus du courant communément nommé « 9/11 fiction » – l’ensemble des œuvres s’attachant à mettre en fiction les attentats du 11-Septembre. Le propos suit un mouvement de définition progressive de l’esthétique et interroge la notion d’inscription du trauma dans le texte littéraire. Elle est d’abord proprement textuelle, et caractéristique des écritures du traumatique ; l’écriture est informée par le symptôme clinique et ses trois grandes manifestations : absence et effacement, trop-plein et débordement, fragmentation et éclatement. La métaphore du trauma agit comme un chemin de pensée littéraire : le trauma en tant qu’objet signifie l’impuissance à dire, et le texte devient réflexion sur la difficulté à représenter, symbole de la tension entre besoin impérieux et impossibilité de dire. Une deuxième partie est consacrée à la cicatrice physique, et met en jeu le sensible. Le trauma se manifeste dans la dimension visuelle de l’écriture, et en particulier l’impact de l’image dans le texte littéraire, tout autant que dans sa dimension sonore : le bruit assourdissant de la catastrophe se fait figure de l’effraction traumatique. Mais c’est également le corps lui-même, en tant qu’enveloppe charnelle trop fragile pour résister aux assauts, qui en vient à porter les traces du trauma et ainsi à faire monument. Une troisième partie se donne finalement pour ambition de penser l’inscription spatiale du trauma dans les romans du corpus, qui tous célèbrent la ville de New York. Le paysage urbain devient le lieu où ce qui résiste à une appréhension harmonieuse par la psyché trouve symboliquement un mode d’inscription détourné.