Jean Genet's Lyricism
Le Lyrisme de Jean Genet
Abstract
This thesis tackles the task of reading Jean Genet’s works through the notion of lyricism. The defining features of lyricism can be distributed into four main categories through which this thesis addresses Genet’s works. First and foremost, subjectivity and the writing of the I : everything in Genet’s writing directs attention towards Genet himself, so that the diegesis appears to be no more than a mere pretext to write about the feelings of the narrator Jean Genet. The second category encompasses love writing and the expression of desire. Genet claims to walk in the footsteps of Ronsard, but petrarchism and medieval lyrics are relocated in prisons cells and gay cruising areas through books that bring together the most daring pornography and the sappiest sentimentality. The third category consists in laudation, along with the rhetoric devices of exaggeration and magnification, and the last one in the poet ethos that Genet establishes in his books even though he wrote more novels than verses. Genet appears as a poet by means of self-representation strategies, by virtue of a thorough metaliterary effort aiming at presenting his novels as long prose poems, and by the use, in his novels, of several formal characteristics borrowed from the poetic genre.
L’enjeu de cette thèse est de replacer l’œuvre de Jean Genet dans la tradition lyrique. Les traits définitionnels du lyrisme peuvent être ramenés à quatre grandes entrées à partir desquelles nous lirons l’œuvre de Jean Genet. En premier lieu, l’écriture du moi et l’expression de la subjectivité : tout dans l’écriture de Genet renvoie à Genet lui-même, au point que la diégèse devient prétexte à l’exposition des sentiments du narrateur Jean Genet. Ensuite, l’écriture amoureuse. Jean Genet revendique l’héritage de Ronsard, mais déplace le pétrarquisme et la lyrique courtoise du côté des vespasiennes et des cellules de prison au travers d’une écriture qui marie la pornographie la plus osée et les effusions sentimentales les plus transportées. La célébration et les procédés stylistiques d’exagération, de grandissement, constituent une troisième entrée pour étudier le lyrisme de Genet. La quatrième entrée relève de la constitution de l’ethos du poète que Genet revendique invariablement, même dans des textes qui paraissent relever du genre romanesque : Genet apparaît poète grâce à des stratégies d’autoreprésentation, à un consciencieux travail métalittéraire visant à présenter ses œuvres romanesques comme de longs poèmes – ainsi le « chant » est l’image préférentielle qu’il emploie pour parler de son écriture – et grâce à l’inclusion dans l’écriture en prose de certains traits formels empruntés à la poésie.