Should the King die to live long? Death and monarchic succession in Seventeenth Century French Tragic Drama (1637-1691)
Faut-il mourir pour que vive le roi ? La mort tragique face à la succession monarchique dans le théâtre du xviie siècle (1637-1691)
Résumé
This PhD dissertation focuses on the links between death and monarchic succession in Seventeenth Century French tragedies, tragi-comedies and heroic comedies. Since political philosophers and legal scholars of the Early Modern Era always present the monarch's death as natural and serene, succession did not seem to be of particular interest for tragic playwrights. One can therefore wonder why and how they staged succession crises. This is the question this dissertation answers in an interdisciplinary perspective. First, this dissertation shows that their plays did not present the mystical doctrine of the King's two bodies as valid. That is why playwrights could elaborate on all sorts of succession crises. This does not mean howewer that death always occurs in Seventeenth Century French Tragic Drama, even though it is often the case. Depending on the situations, similar patterns (ambition, love, blood ties) can lead to completely opposite endings. That is why playwrights sometimes aroused pity, horror, but also admiration in the spectator, which means they had great liberty when they staged succession. That can appear odd, as it is well-known that the Seventeenth Century saw the rising of absolutism in France. Why would the authorities allow such a fundamental issue to be questioned publicly? This is why this dissertation finally studies to what extent the French Tragic Drama of this period was subversive, and how playwrights could manage to stage such a delicate question as monarchic succession.
Ce travail s'applique à éclairer les rapports qu'entretiennent la mort et la succession monarchique dans le théâtre tragique français du xviie siècle. Telle qu'elle est présentée par les textes théoriques et juridiques de l'époque moderne, la succession monarchique ne semble guère se prêter à la scène tragique. Dès lors, pourquoi et comment les dramaturges la représentent-ils ? C'est ce paradoxe que nous éclairons en adoptant une démarche pluridisciplinaire. Dans un premier temps, nous montrons que les dramaturges tragiques rejettent la mystique que la théorie politique contemporaine présente comme acquise, en particulier la fiction mystique des deux corps du roi. Cela ouvre la porte à toutes sortes de crises, ce qui ne signifie pas pour autant que la mort se produise toujours dans notre corpus. Selon les circonstances, un même motif (ambition, amour, liens du sang) peut mener à des issues strictement contraires. Aussi les dramaturges créent-ils des tragiques divers, qui vont du spectacle pathétique de la ruine des uns à la générosité sublime des autres. Il font donc preuve d'une grande liberté dans le traitement de la succession monarchique, ce qui pose problème. À une époque où le pouvoir royal s'absolutise, il peut sembler périlleux de présenter de tels désordres sur scène. C'est pourquoi nous nous attachons, dans un dernier temps, à prendre la mesure du potentiel subversif de notre corpus et à expliquer comment les dramaturges ont pu traiter un sujet aussi délicat de façon aussi variée.