"Manille au XVIIe siècle: le défi de la 'conservacion'"
Résumé
Au sein de l'empire espagnol Manille est défi, Manille est gageure, le point d'extension maximal à l'ouest, au ponant de cet empire où le soleil ne se couchait jamais, point d'aboutissement de cette immense dynamique de découverte et de conquête menée par les Espagnols depuis la fin du XV e siècle. Manille c'est la porte de l'Asie face aux richesses moluquoises (les épices) et chinoises (soieries et porcelaines). Séparée de Madrid par deux océans et un continent, elle est l'expression de la démesure, mais aussi de la réussite. Elle est frontière par excellence, « limites de la terre » d'après le chroniqueur augustin du XVII e siècle Gaspar de San Agustín 1. Les Philippines ont d'abord constitué une frontière disputée entre l'empire espagnol et l'empire portugais 2 , une frontière ensuite renforcée par l'affrontement avec les Anglais et les Hollandais à l'orée du XVII e siècle. Manille manifeste ainsi d'emblée, comme Macao, la première mondialisation des temps modernes. Périphérie de l'empire espagnol, la ville cherche à s'inventer comme centre, comme carrefour commercial des quatre parties du monde. Dans le discours des acteurs du temps, c'est sans doute sous le signe de ce désenclavement qu'il faut comprendre la dialectique du centre et de la périphérie : dans la monarchie catholique planétaire de l'union ibérique, il n'y a plus, sur le plan géographique s'entend, ni centre ni périphérie.
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